
Au lendemain d'une réunion tendue de l'Eurogroupe, le sommet du Conseil européen s'est tenu jeudi à Bruxelles sous de meilleurs auspices. La Grèce et ses partenaires de la zone euro pourraient en effet trouver un compromis dans les prochains jours.
Athènes et la zone euro se sont rapprochés, jeudi 12 février, d'un compromis sur la suite à donner au programme de financement de la Grèce, le Premier ministre grec Alexis Tsipras ayant plaidé sa cause devant ses homologues, notamment la chancelière allemande Angela Merkel.
Le chef du gouvernement grec a en effet rencontré pour la première fois son homologue allemande, devenue en Grèce le symbole de l'orthodoxie budgétaire. À l'ouverture du sommet, les deux dirigeants ont échangé une poignée de mains et quelques mots. "Nous nous sommes salués amicalement. (...) J'ai manifesté ma disposition à coopérer", a déclaré la chancelière. "Nous devons voir maintenant sur quels points nous devons nous mettre d'accord."
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La Grèce et la zone euro ont décidé d'entamer dès vendredi des travaux techniques pour faciliter la prochaine réunion de l'Eurogroupe, qui se tiendra lundi à Bruxelles.
"On a fait des pas importants, on n'a pas couvert toute la distance mais une partie importante. On a surtout profité du fait que l'Europe est faite de conflits mais aussi de compromis", a déclaré Alexis Tsipras à l'issue de son premier sommet européen.
Mercredi, la réunion de l'Eurogroupe pour tenter de combler le fossé avec Athènes avait été particulièrement houleuse, ravivant les craintes d'une sortie du pays de la zone euro.
Revenant sur cet épisode, vu comme une tentative d'"intimidation", le Premier ministre grec a déclaré qu'Athènes "ne fait pas de chantage et n'accepte pas le chantage". "On n'a pas signé, il n'y a eu aucune catastrophe", a-t-il souligné, alors que la Bourse d'Athènes a terminé jeudi sur un bond de 6,73 %, après un repli de 4 % la veille.
Une partie de poker entre la Grèce et ses partenaires
Les Européens veulent que la Grèce demande une extension de son programme, qui arrive à échéance le 28 février, pour se financer à court terme, avant d'envisager une solution pour réduire sa dette (plus de 175 % du PIB).
Déterminée à se débarrasser de ses créanciers (UE, BCE et FMI) et des mesures qui lui sont imposées depuis 2010 à marche forcée, Athènes s'y refuse et exige d'obtenir un nouveau programme assorti de conditions moins drastiques sur le plan social.
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Pour renouer le dialogue, Alexis Tsipras s'est entretenu avec le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Ils ont convenu de lancer dès vendredi des travaux pour chercher "une base commune" entre le mémorandum actuel et les propositions d'Athènes. Ils réuniront notamment des experts grecs et des représentants des créanciers d'Athènes, que plus personne ne nomme "troïka".
"Toute la discussion et l'évolution d'aujourd'hui signalent une disposition pour un accord politique", a estimé le Premier ministre grec. "Il a été prouvé que personne ne veut créer des conditions de rupture", s'est-il félicité. "Mais les décisions essentielles seront prises lundi prochain."
"Tout le monde a intérêt à éviter un défaut de paiement grec, personne ne veut faire une croix sur les prêts qu'on a faits" à Athènes, souligne un diplomate. "Les Grecs attendent jusqu'à la dernière minute parce que leur position dans les négociations s'améliore avec le temps. C'est comme une partie de poker", analyse Matthias Kullas, du Centre pour une politique européenne de Freiburg.
Interrogé vendredi matin sur Europe 1, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, s'est dit optimiste sur la possibilité de trouver un accord lundi avec la Grèce, tout en prévenant que la réunion de l'Eurogroupe serait difficile.
Avec AFP et Reuters