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Des milliers de Burkinabè sont descendus, samedi, dans les rues de Ouagadougou pour exiger le démantèlement de la controversée garde présidentielle. La rue l'accuse d'être une milice à la solde de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en 2014.

Plusieurs milliers de Burkinabè se sont rassemblés, samedi 9 février, à Ouagadougou, la capitale du pays, pour demander la dissolution de la garde présidentielle. Cette dernière a provoqué cette semaine une courte crise politique en réclamant la démission du Premier ministre, Isaac Zida.

La manifestation, organisée par la société civile, a rassemblé moins de monde qu'espéré. Elle s'est tenue sur la très symbolique place de la Révolution, l'un des principaux lieux de contestation à l'ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue fin octobre 2014 après 27 ans de règne. "Ali Baba est parti mais il reste les quarante voleurs", moquait une pancarte.

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"Nous réclamons la dissolution du RSP [Régiment de sécurité présidentielle], une milice façonnée pour l'ancien régime" qui "n'a plus sa raison d'être", s'est écrié Luc-Marius Ibriga, l'une des figures de la société civile, qui avait refusé un poste de ministre dans le gouvernement intérimaire.

Une garde "républicaine", pas "présidentielle"

Démanteler cette structure signifie que "les éléments du RSP seront redéployés dans l'armée", a expliqué Luc-Marius Ibriga. "S'ils sont une élite, s'ils sont si efficaces, ils n'ont qu'à se préparer pour combattre Boko Haram. C'est plus important que de rester dans un camp derrière la présidence."

Plutôt qu'une garde "présidentielle", il faut une garde "républicaine" pour "assurer la sécurité" de "toutes les institutions" du Burkina Faso, a de son côté affirmé Guy Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen, un mouvement très actif dans la chute de Blaise Compaoré.

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Le Burkina Faso est depuis lors conduit par des autorités dites de transition, que dirigent le président Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida, lieutenant-colonel et numéro deux du RSP, un régime intérimaire qui doit prendre fin avec la tenue d'élections en octobre prochain.

Mercredi, le Conseil des ministres avait été suspendu du fait de soldats du RSP exigeant la démission du Premier ministre. Ce dernier avait publiquement demandé en décembre le démantèlement "pur et simple" de ce corps d'élite. Le lendemain, la garde présidentielle renonçait à cette démission, contre la promesse de sa non-dissolution.

"Pas d’agenda caché"

Les soldats du RSP constituent les "tentacules" de Blaise Compaoré au Burkina Faso, qui bien qu'exilé en Côte d'Ivoire, "n'est pas parti" complètement du pays, a affirmé Guy Hervé Kam. Vendredi soir, le régiment d’élite à tenu à "rassurer toute la population" sur le fait qu'il n'avait pas "d'agenda caché" et qu'il souhaitait accompagner la transition.

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"Au regard du changement de régime que notre pays a connu, il y a nécessité de réorienter l'emploi opérationnel du RSP, afin de l'orienter vers les missions de défense et de sécurité du territoire national", a affirmé vendredi soir le général Pingrenoma Zagré, chef d'état-major général des armées, à la télévision publique, notant "l'urgence" de "mener une réflexion" en ce sens. Une commission sur ce régiment sera mise en place, a assuré le président burkinabè de transition, vendredi soir.

Avec AFP
 

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