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Contre-la-montre diplomatique pour éviter la "guerre" dans l'est de l'Ukraine

Les Occidentaux multiplient les initiatives pour aboutir à un accord de paix durable dans l'est de l'Ukraine. Pour Berlin, les "deux ou trois prochains jours" seront décisifs. Sur le terrain, la situation est de nouveau très tendue.

Après avoir demandé à Vladimir Poutine des "actes" pour ramener la paix en Ukraine, les Occidentaux devaient à nouveau faire le point, dimanche 8 février, avec le président russe sur le dossier ukrainien au cours d'un entretien téléphonique à quatre. La conférence doit se tenir entre l’homme fort du Kremlin, le président ukrainien, Petro Porochenko, son homologue français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel.

Samedi, lors d'une conférence à Munich, le chef de l’État ukrainien a brandi des passeports de soldats russes entrés en Ukraine pour prouver "l'agression et la présence de troupes russes" dans son pays. Quelques instants auparavant, le vice-président américain, Joe Biden, avait appelé Vladimir Poutine à montrer par "des actes, pas des paroles" qu'il était prêt à œuvrer pour un règlement politique de la crise.

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"Trop souvent, le président Poutine a promis la paix et livré des chars, des troupes et des armes", a averti Joe Biden, à Munich, en référence au soutien russe aux séparatistes ukrainiens, que Moscou dément.

Angela Merkel et François Hollande, tout juste revenus de cinq heures de négociations à Moscou, ont concédé qu'ils n'étaient pas sûrs de réussir dans leur initiative de paix mais qu'il fallait aller au bout de cette "dernière chance", alors que la situation a été de nouveau très tendue sur le terrain.

"Deux ou trois jours"

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a estimé que les "deux ou trois prochains jours" seraient décisifs pour le succès de l'initiative franco-allemande. Au moins cinq soldats ukrainiens et sept civils ont péri au cours des dernières 24 heures dans l'est du pays. Les tirs de roquettes ont aussi repris à Debaltseve, l'un des points chauds du front, au lendemain d'une courte trêve.

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L'armée ukrainienne a par ailleurs affirmé que les troupes séparatistes et "russes" étaient en train de "masser des forces pour une offensive vers Debaltseve et Marioupol", deux villes stratégiques sous contrôle de l'armée ukrainienne.

"Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario : il a un nom, il s'appelle la guerre", a martelé François Hollande au lendemain de sa rencontre avec Vladimir Poutine et Angela Merkel à Moscou.

"Contrôle des frontières", "retrait des armes lourdes"…

Le plan franco-allemand prévoirait une plus large autonomie des régions de l'est de l'Ukraine, selon un haut responsable du Département d'État américain. Il se base sur la ligne de front actuelle, et prévoit une zone démilitarisée de 50 à 70 kilomètres de large le long de cette ligne, a précisé le président français à la chaîne de télévision France 2.

Plusieurs questions restent en suspens, a précisé l'entourage du président, citant notamment le "statut des territoires" conquis par les séparatistes, le "contrôle des frontières", par lesquelles hommes et matériels transitent de Russie vers le Donbass selon les Occidentaux, et le "retrait des armes lourdes".

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Petro Porochenko a martelé qu'il n'existait "qu'une seule ligne [de front], celle de l'accord de Minsk'" conclu en septembre 2014, soit bien en-deçà des positions atteintes après la dernière offensive des rebelles. "On peut discuter du nombre de kilomètres sur lequel on peut se retirer" pour instaurer un cessez-le-feu. "C'est une question négociable. Mais nous devons nous rencontrer immédiatement, lancer le processus et arrêter les combats", a-t-il insisté avant de rentrer à Kiev.

Vladimir Poutine a affirmé pour sa part que la Russie "ne comptait faire la guerre à personne". "Mais il y a, c'est certain, une tentative de freiner notre développement par différents moyens", a-t-il dénoncé, en allusion aux sanctions occidentales qui étranglent son économie.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s'est voulu prudemment optimiste. "Il est tout à fait possible d'avoir des résultats et de tomber d'accord sur des recommandations qui permettront aux deux côtés de vraiment dénouer le conflit", a-t-il estimé à Munich.

Une aide supplémentaire à l’Ukraine ?

Les appels, notamment aux États-Unis et dans l'est de l'Europe, à livrer des armes à l'armée ukrainienne afin de rééquilibrer le rapport de forces sur le terrain alimentent aussi les passions, laissant craindre un engrenage funeste.

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Sans se prononcer directement sur la question, pas encore tranchée à Washington, Joe Biden a souligné que Kiev avait le droit de "se défendre" face à l'offensive des séparatistes. Pour sa part, le secrétaire d'État, John Kerry, a indiqué que les États-Unis réfléchissaient à une aide "supplémentaire" à l'Ukraine et privilégiaient une solution "politique", dans un entretien à la chaîne NBC qui doit être diffusé dans son intégralité dimanche.

Paris et Berlin excluent également l'option militaire. "Je ne vois pas en quoi un meilleur équipement de l'armée ukrainienne impressionnerait le président Poutine. [...] Cela conduira plutôt à plus de victimes", a riposté Angela Merkel.

En dix mois de conflit, 5 300 personnes ont été tuées dans l'est de l'Ukraine.

Avec AFP