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Les Houthis consolident leur pouvoir au Yémen et inquiètent

Au lendemain de la dissolution du Parlement yéménite, les miliciens chiites ont nommé, samedi, une commission de sécurité. Un coup de force dénoncé par les pays du Golfe et vivement critiqué par l'ONU et Washington.

C’est un coup de force pour la puissante milice chiite et un "coup d’État inacceptable" pour les pays du Golfe. En 24 heures, la dissolution du Parlement et la formation d'une commission de sécurité par la milice des Houthis, au Yémen, a définitivement renversé le pouvoir en place.

Entrée dans la capitale Sanaa en septembre, cette milice armée issue de la minorité zaïdite avait pris fin janvier le contrôle du palais présidentiel, ainsi que les autres institutions de l'État, poussant à la démission les chefs de l'État et du gouvernement, placés depuis en résidence surveillée.

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Dans un discours télévisé depuis le fief des Houthis dans la province de Saada (nord), leur chef Abdel Malek al-Houthi a expliqué que le coup de force était destiné à remédier à la vacance du pouvoir dans ce pays pauvre de la péninsule Arabique secoué par de multiples crises. "Cette initiative historique et responsable est dans l'intérêt du pays car elle a comblé un vide politique [...] destiné à plonger le pays dans le chaos", a-t-il déclaré à ses partisans, rassemblés dans un stade de Sanaa pour célébrer le coup de force. Il a par ailleurs invité ses adversaires politiques y compris le mouvement séparatiste sudiste à "se joindre à la marche du peuple et à rectifier leurs politiques".

Le "complot" saoudien

Le chef houthi, dont la milice est l'ennemie du réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda, a enfin souligné qu'il continuerait à lutter contre le groupe terroriste. "Si Al-Qaïda prend le contrôle du pays, il complotera contre les frères en Arabie saoudite et dans le Golfe", a-t-il averti, dans une apparente tentative de répondre aux monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ces dernières monarchies, dirigées par des dynasties sunnites, dont l'Arabie saoudite qui partage une longue frontière avec le Yémen, ont dénoncé dans un communiqué un "coup d'État inacceptable" des Houthis et appelé l'ONU à agir rapidement pour y "mettre fin".

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est déclaré "très inquiet" et a brandi la menace de sanctions si le dialogue entre les différentes forces politiques du pays ne reprenait pas. De leur côté, les États-Unis, alliés du régime du président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi dans la lutte antiterroriste, ont désapprouvé cette initiative, selon un responsable américain pour qui "la communauté internationale doit prendre une position plus forte".

La mainmise sur le pouvoir des Houthis, accusés d'être soutenus par l'Iran chiite, s'est formalisée au lendemain de la suspension, faute d'accord, des négociations politiques sur une sortie de crise, parrainées par l'émissaire de l'ONU Jamal Benomar.

Contestations

Comme pour défier l'autorité des nouveaux maîtres de Sanaa, un engin a explosé samedi à l'entrée sud du palais présidentiel, faisant deux blessés dont un civil. Des commerces du secteur ont été aussitôt fermés à la demande des miliciens qui recherchaient d'autres engins explosifs, selon des témoins.

Simultanément, des miliciens chiites ont tiré en l'air à balles réelles pour disperser les protestataires sur une place près de l'Université de Sanaa, ont précisé les témoins en faisant état de 17 arrestations. Des manifestations ont eu lieu dans d'autres villes du pays, dont Taëz (sud-ouest), Hodeida (ouest), Ibb et Baïda (centre) pour dénoncer un "putsch" chiite, selon des témoins et des militants.

Avec AFP

Tags: Houthis, Yémen,