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Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a appelé la France, mercredi, à jouer pleinement son rôle en faveur de la croissance en Europe. Il a également proposé à Bruxelles un plan de réformes et de financement sur quatre ans.

Les nouveaux dirigeants grecs ont poursuivi leur tournée européenne pour tenter de convaincre de la nécessité d'alléger le fardeau de la dette colossale de leur pays. En visite à Paris, le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras a toutefois assuré, mercredi 4 février, que la Grèce n'était pas "une menace pour l'Europe" et a appelé la France à œuvrer en faveur de la croissance au sein de l’UE, lors d'une déclaration conjointe avec François Hollande à l'Élysée.

"Nous voulons dialoguer, nous ne sommes pas une menace pour l'Europe", a souligné le chef du gouvernement grec, ajoutant qu'Athènes avait "surtout besoin de la France qui doit jouer un rôle prépondérant, de garant, de protagoniste" de la croissance de l'économie européenne.

Pour Alexis Tsipras, il faut "arrêter cette crise qui s'auto-alimente" par un travail "en commun pour surmonter la crise en Grèce et aider également l'Europe à surmonter la crise".

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"L'Europe est notre maison commune", a-t-il fait valoir, soulignant que si la Grèce devait "respecter la règle de la cohabitation, (...) tous les pays doivent aussi travailler sur un pied d'égalité" à un "avenir européen commun".

Pour le président français, "il est temps de trouver une solution de long terme pour la Grèce dans l'Europe". François Hollande a de nouveau prôné "deux principes" : la "solidarité", faisant valoir que Paris et Athènes étaient "dans la même zone monétaire", et le "respect" à la fois du vote "clair" et "fort" du peuple grec, mais aussi "des règles européennes qui s'imposent à tous, et à la France aussi".

Évoquant la dette grecque qui atteint quelque 320 milliards d'euros, soit 177 % du PIB du pays, il a évoqué de la même manière "le respect par rapport aux engagement qui ont été pris", laissant entendre qu'il n'était pas favorable à une annulation de cette dette.

Sur la "méthode", François Hollande a prôné "le dialogue (...) entre la Grèce et les partenaires européens et internationaux" dans la "transparence, la sérénité et la volonté de déboucher sur un accord".

Un plan de réformes et de financement sur quatre ans

"Ça, c'est l'objectif", a insisté le chef de l'État, qui entend "définir un cadre financier contractuel entre la France et la Grèce" et s'est dit prêt, dans un sourire, à apporter l'"expertise" de la France, "notamment sur la réforme fiscale dont chacun sait que nous sommes des spécialistes".

Plus tôt dans la journée, Alexis Tsipras a proposé à l'UE un plan de réformes et de financement sur quatre ans, tandis que son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a frappé à la porte de la BCE pour tenter de "garder la tête hors de l'eau", affichant son "optimisme" sur la possibilité de trouver un compromis.

À Bruxelles, Alexis Tsipras a ainsi proposé la préparation avec l'Union européenne d'un plan de réformes et de financement sur quatre ans (2015-2018), a indiqué une source gouvernementale à Athènes. Ce plan comprend un programme "radical" en matière de lutte contre la corruption et la fraude fiscale, couplé à un allègement des obligations budgétaires de la Grèce, a ajouté cette source à l'issue d'un entretien entre le Premier ministre et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

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De même source, le Premier ministre grec a aussi évoqué la possibilité d'un "accord transitoire" donnant à la Grèce la marge financière lui permettant de préparer ce plan "en commun" avec l'UE. "Je suis très optimiste quant au fait que nous allons faire de notre mieux pour trouver une solution commune viable pour notre avenir", a déclaré Alexis Tsipras dans une brève déclaration à la presse.

À Francfort, Yanis Varoufakis a déclaré avoir eu "des discussions fructueuses" avec le président de la BCE Mario Draghi. L'institution joue un rôle pivot dans la course contre la montre dans laquelle est engagé l'État grec avec le défaut de paiement. Les banques grecques sont les principales acheteuses des obligations par lesquelles la Grèce se finance à court terme. Et c'est essentiellement la BCE, par le biais de deux mécanismes de prêts, qui les alimente en liquidités. Le conseil des gouverneurs de l'institution pourrait choisir de ne pas renouveler l'un des deux, tandis qu’Athènes réclame "un financement intermédiaire" jusqu'au 1er juin, date à laquelle la Grèce espère être parvenue à un accord avec ses partenaires européens.

Par ailleurs, la Grèce a bouclé mercredi sa première émission d'obligations depuis l'arrivée de la gauche radicale au pouvoir, dans des conditions laborieuses tenant à l'incertitude autour des négociations sur sa dette. L'agence publique gérant les émissions de dette a indiqué avoir vendu pour 812,5 millions d'euros d'obligations à échéance de 6 mois, avec un taux d'intérêt de 2,75 %, alors que le précédent taux, avant les élections en janvier, s’était établi à 2,30 %.

Avec AFP