L’auteur présumé de l’attaque au couteau contre les policiers, mardi à Nice, était connu depuis plus de dix ans des services de police. Fin janvier, il avait été refoulé à son arrivée en Turquie, après un signalement des renseignements français.
L'auteur de l'agression de trois militaires en faction devant un centre communautaire juif, mardi 3 février à Nice, au cours de laquelle deux soldats ont été blessés, était connu des services de renseignement français. Âgé de 30 ans, le dénommé Moussa Coulibaly, originaire de la région parisienne, avait été condamné à six reprises entre 2003 et 2012 pour vol et usage de stupéfiants, principalement à Mulhouse, où il a vécu. Il n'aurait "a priori" aucun lien avec Amédy Coulibaly, l’auteur de la fusillade de Montrouge et de la prise d'otages au supermarché Hyper Cacher, à Paris, les 8 et 9 janvier derniers.
En décembre 2014, Moussa Coulibaly avait inquiété les services de police en raison d'un "prosélytisme agressif" exercé dans une salle de sport en banlieue parisienne, selon une source proche du dossier. Il aurait notamment eu un différend avec un homme dans les douches, au motif que ce dernier se lavait nu, rapporte "Le Monde". Ces incidents avaient alors été considérés comme "des signes de radicalisation", comme l’a évoqué mardi le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Refoulé de Turquie
Fin janvier, Moussa Coulibaly avait réservé un billet d'avion pour se rendre en Turquie. Alertée par la police aux frontières, la DGSI (les services de renseignements intérieurs) a alors demandé aux autorités turques de refouler l’individu, ce qu’elles ont fait à Istanbul dès l’arrivée du jihadiste présumé sur le territoire, le 29 janvier.
"Ce qui a éveillé les soupçons des autorités turques, c'est que Coulibaly était muni d’un aller simple", explique Fatma Kizilboga, correspondante de France 24 en Turquie. "Après vérification, elles se sont aperçues que son nom figurait sur l'une des listes fournies par les autorités françaises. A priori, Moussa Coulibaly ferait partie de la liste des individus soupçonnés de vouloir rejoindre la Syrie pour y faire le jihad."
Aucun signe de passage à l’acte
Après son attaque délibérée, mardi, à l’aide d’un couteau de cuisine, Moussa Coulibaly a été interpellé par la police. Son domicile à Mantes-la-Jolie (Yvelines), dans le quartier sensible du Val-Fourré, a été perquisitionné dans la soirée.
"À son retour en France, [Moussa Coulibaly] a été auditionné par la DGSI mais il n'avait montré aucun signe de passage à l'acte", a déclaré Bernard Cazeneuve, lors d’un déplacement en urgence à Nice mardi soir. "Cependant la surveillance de son environnement se poursuivait pour comprendre ce qu'il faisait à Nice, alors qu'il y était ici sans racines et sans contacts", a précisé le ministre.
Si peu d’éléments permettent pour l’instant de cerner les contours de sa personnalité, l'homme pourrait incarner un "phénomène nouveau, le terrorisme en libre-accès", selon Bernard Cazeneuve. "Cela implique la mobilisation de moyens exceptionnels" de la part des autorités, a commenté le ministre devant la presse.
Le jour de l'attaque perpétrée par Moussa Coulibaly, une vidéo de l'organisation de l'État islamique, intitulée "Faites exploser la France", avait été publiée sur Internet. Sur ces images, un jihadiste francophone invitait les "soldats" étant dans l’impossibilité de se rendre en Syrie à "passer à l’action" sur le territoire français.
Avec AFP