Une offre d'emploi cherchant à recruter un graphiste "non juif", publiée lundi, a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Les explications confuses avancées par l’entreprise qui l’a postée n’ont guère convaincu.
Une annonce pour un emploi de graphiste, rédigée par une entreprise parisienne, a été publiée lundi 2 février sur un site spécialisé, avec la mention "si possible, pas juif" figurant parmi les critères de recrutement.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes se sont indignées et ont dénoncé cette discrimination.
L’association SOS Racisme a dans la foulée annoncé qu’elle porterait plainte, la loi française interdisant toute discrimination en raison du sexe, d’un handicap, de l’orientation sexuelle, de l’ethnie, de la race ou de la religion.
Graphic-Jobs, le site sur lequel l'offre avait été publiée, a rapidement supprimé l’annonce lundi après-midi, et a aussitôt présenté ses excuses sur Twitter pour n’avoir pas repéré la communication litigieuse en amont.
Mais les réponses embrouillées de NSL Studio, l’entreprise qui a rédigé l’annonce pour recruter un graphiste, n’ont fait qu’alimenter la controverse. Contacté par "Les Inrockuptibles", un représentant de cette société a commencé par se justifier maladroitement.
L'hypothèse d'un piratage ne tient pas
"On a mis ça par rapport aux horaires, on est un studio qui ne compte pas ses heures et qui travaille parfois dans des moments de rush. Donc, on voulait quelqu'un qui ne tienne pas compte de ses soucis culturels ou religieux", a-t-il avancé, tout en assurant que l'annonce n'était "pas du tout discriminatoire".
Mais l’entreprise a ensuite contredit cette explication, et a avancé sur Twitter que l’agence avait été hackée. "Nous ne posterions jamais ce genre de message discriminatoire", pouvait-on lire dans un tweet.
Cependant, d’après Graphic-Jobs, qui s’en explique dans "Les Inrocks", l'hypothèse d'un piratage ne tient pas. Un responsable du site indique ainsi que le site conserve la trace de toutes les connexions et les adresses IP de ceux qui postent des annonces. Et l'annonce n'a été publiée qu'une fois, sans être modifiée.
Finalement, sur Twitter toujours, NSL Studio a annoncé lancer une enquête interne : "La personne en charge de l’annonce va être entendue, une enquête diligentée et des dispositions nécessaires prises s’il s’avère que cela provient bien de chez nous."
Recrudescence des actes antisémites
Cet incident survient dans un contexte de recrudescence d’actes antisémites en France. Le mois dernier, le Crif a ainsi annoncé qu'ils avaient plus que doublé au cours de l’année 2014 (+101 % par rapport à 2013).
Alors que la discrimination à l'embauche est reconnue comme un problème majeur, des études ont montré qu'elle concernait principalement des personnes d’origine immigrée, vivant dans des zones économiquement désavantagées, et portant des noms à consonance arabe.
François Hollande a promis de généraliser le CV anonyme pour lutter contre ces discriminations, mais le gouvernement n’a pas encore proposé de loi allant en ce sens. Un groupe de travail doit rendre ses conclusions sur la question en mars.