Après des mois de vives tensions diplomatiques, la France et le Maroc ont annoncé, samedi, le rétablissement de la coopération judiciaire entre les deux pays, suspendue à l'initiative du royaume chérifien en février 2014.
Depuis l'hiver dernier, la France et le Maroc avaient suspendu toute coopération judiciaire et sécuritaire. En cause, la convocation officielle du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, de passage à Paris, par un juge d'instruction, pour s’expliquer sur une affaire de torture.
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L'incident a eu lieu le 20 février 2014. Rabat, piqué au vif par cette "violation des règles et usages diplomatiques universels", avait suspendu une semaine plus tard, sa coopération judiciaire avec Paris.
itAujourd'hui, revirement de situation. La garde des Sceaux Christiane Taubira et son homologue marocain Mustapha Ramid ont annoncé, samedi 31 janvier, le "rétablissement immédiat de la coopération judiciaire et juridique entre la France et le Maroc ainsi que du retour des magistrats de liaison", a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué, après s'être rencontrés à Paris le 29 et 30 janvier.
"Tourner la page et regarder vers l'avenir"
Face à la menace terroriste, les deux pays auraient-ils décidé de mettre leurs rancœurs de côté pour collaborer ensemble ? Sûrement. La France et le Maroc fournissent tous deux un contingent non négligeable de combattants à l’Organisation de l’État islamique (EI). Les experts estiment qu’environ 1 500 Marocains se trouvent actuellement en Syrie. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait d'ailleurs déclaré à la mi-janvier que le rétablissement de la coopération policière et judiciaire était "une nécessité absolue" face à la menace jihadiste.
Ce réchauffement diplomatique est un "dénouement heureux [qui] ouvre une nouvelle page dans nos relations, basées sur la confiance mutuelle. Il va nous permettre de regarder vers l'avenir et tourner la page", a réagi Salaheddine Mezouar, le ministre marocain des Affaires étrangères, qui avait pourtant annulé sa visite en France la semaine dernière.
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Interrogé sur les motifs qui ont permis de débloquer les négociations, il a évoqué "un long processus de discussions franches entre les deux gouvernements, dans le respect des législations des deux pays et de nos engagements internationaux". "Ce processus a permis qu'on comprenne qu'il n'y avait pas d'excès de zèle de la part du Maroc [...] et je pense qu'il y a eu une prise de conscience qui s'est faite au fur et à mesure" du partenaire français.
"Je suis heureux que sur les dernières semaines il y ait eu une évolution, permettant justement de parapher cet accord [...] Le Maroc est sincère dans sa démarche et je n'ai strictement aucun doute sur la sincérité de la démarche du côté français", a-t-il conclu.
Avec AFP