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"Liberté, j'écris ton non"

Presse française, jeudi 15 janvier 2015. Au menu de cette revue de presse, le débat sur la liberté d’expression, après les attentats de la semaine dernière et l’interpellation de plusieurs personnes pour "apologie du terrorisme".

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A la Une de la presse française, ce matin, le débat sur la liberté d’expression. Une semaine après les attentats de Paris, l’interpellation de 54 personnes, dont "l’humoriste" Dieudonné, pour "apologie du terrorisme", rappelle que cette liberté a des limites définies par la loi.
Il semblerait que ce soit le moment ou jamais de faire un peu de pédagogie. "Liberté, j’écris ton non", titre 20 minutes, en détournant le poème d’Eluard souvent enseigné dans les écoles - un poème où il est question à l’origine du nom de la liberté. Le gratuit explique que le principe, en France, c’est la liberté absolue, mais qu’il y a, toutefois, un certain nombre d’exceptions : l’incitation à la haine ou à la violence, dont relève l’apologie du terrorisme, et tout un ensemble de restrictions, définies par la loi sur la liberté de la presse de 1881, et qui concernent la protection des personnes, qu’il s’agisse de la vie privée, de l’honneur, de la présomption d’innocence; l’interdiction, également, de porter atteinte à un individu, que ce soit par l’insulte ou la diffamation, en raison de son origine, de sa religion, ou de son orientation sexuelle.
On dit bien "atteinte à l’individu" - "aux individus, bien vivants, de chair et d’os, non aux dogmes ou aux symboles", précise Libération, qui martèle qu’en France, rien n’interdit à quiconque de s’en prendre à eux, car le blasphème n’est pas un délit. Ce qui veut dire qu’on ne peut pas s’en prendre à tel ou tel musulman, juif, ou catholique, parce qu’il est musulman, juif ou catholique, mais qu’on a le droit de se moquer de Mahomet, Dieu, Bouddha, Yahvé ou tous les autres... D’où ces dizaines de jurons qui tapissent ce matin la Une de Libération. Sa façon de dire qu’ils font partie de la liberté d’expression.
La liberté d’expression est toutefois une liberté "fragile", rappelle Libération, qui évoque un "équilibre entre le droit à la parole libre et le respect des croyances religieuses", "en perpétuel ajustement". Néanmoins, estime Libé, il n’y aurait pas "deux poids deux mesures", entre la présentation d’un Dieudonné devant un tribunal correctionnel, et la défense de la satire telle que la pratique Charlie Hebdo, car l’un et l’autre ne se situeraient "en rien sur un même plan", parce que l’un "fait peur", et que l’autre "fait rire"…
Minutes de silence empêchées, propos haineux ou provocateurs, parfois même agressions physiques entre élèves. Depuis les attentats, la tension serait palpable "dans de nombreux établissements scolaires", d’après le Parisien, qui évoque un "risque de fracture". Certains professeurs se disent désemparés, d’autres évoquent la nécessité de fournir "un gros travail d’éducation à la citoyenneté".
Mais la citoyenneté n’est pas qu’une affaire de discours, rappelle le père Christian Delorme, dans La Croix. Ce prêtre spécialiste du dialogue islamo-chrétien, qui relève que "la France musulmane n’a pas rejoint la manifestation (de dimanche)", l'assure : "le fossé s’approfondit dans la société française. Beaucoup de choses ont été réalisées depuis trente ans en matière de politique d’intégration, de politique de la ville. Mais nous n’avons pas été à la hauteur du défi".
Creuser le fossé entre les communautés, c’est justement la stratégie des intégristes, explique le spécialiste de l’islam, Gilles Kepel dans Libération.
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