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Pour Amnesty, l'attaque de Baga est "la plus destructrice" de Boko Haram

Amnesty International a publié un rapport jeudi sur les centaines de Nigérians abattus à Baga par Boko Haram, le 8 janvier. Selon l'ONG, cette attaque est "la plus grande et la plus destructrice" jamais perpétrée par la secte islamiste.

Quand Borye Kime est revenu dans son village de Baga, au nord-est du Nigeria, à la faveur de la nuit, il a vu sa ville en ruines, et des "corps partout", ceux des habitants massacrés par Boko Haram. Dans une offensive lancée le 7 et 8 janvier contre plusieurs localités du nord-est du Nigeria, dont Baga, les combattants de la secte islamiste, venus en grand nombre et lourdement armés, ont tout simplement rasé des villages entiers des cartes.

Selon l’ONG Amnesty International, seize localités ont été brûlées lors de cette offensive. Plus de 3 700 structures ont été endommagées ou détruites, 620 à Baga et 3 100 à Doron. Pour Amnesty, les témoignages et images satellites tendent à prouver que l'assaut de Boko Haram est "la plus grande et la plus destructrice" jamais perpétrée par le groupe dans son combat pour établir un califat islamique dans le nord-est du Nigeria.

Le bilan humain est catastrophique : plusieurs centaines de personnes ont été assassinées, certaines sources évoquent jusqu’à 2 000 morts. Plus de 20 000 personnes ont dû fuir la région. Les observateurs jugent qu'il sera presque impossible de connaître le décompte exact des victimes alors que l'accès à la ville de Baga et ses alentours est sous contrôle rebelle et donc impossible d'accès. L'armée nigériane, qui a tendance à minimiser les bilans de victimes, a affirmé cette semaine que 150 personnes avaient été tuées, qualifiant de "sensationnalistes" les estimations faisant état de 2 000 morts.

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"Des zones entières rasées, brûlées"

Boko Haram abat une femme en plein accouchement

Partout les témoignages racontent la même horreur, la même barbarie. "Ils ont tué tellement de gens. J'ai peut-être vu 100 personnes tuées à un moment à Baga. J'ai couru dans la brousse. Alors que nous courions, ils mitraillaient et tuaient", décrit aussi un quinquagénaire non-identifié. "Il y avait des cadavres partout où je regardais", raconte une femme. Selon Amnesty, les islamistes ont même abattu une femme en plein accouchement. "La moitié du bébé (était) sortie et elle est morte dans cette position", a expliqué un témoin cité par Amnesty.

>> À voir sur France 24 : "Face à Boko Haram, la réaction du gouvernement nigérian 'est inadéquate'"

Des témoins ont aussi rapporté à Amnesty International avoir vu les insurgés faire du porte-à-porte dans la ville, sortant les jeunes hommes en âge de combattre pour les abattre ensuite dans la rue. "Toute la ville empeste l'odeur des cadavres en décomposition" a rapporté un autre témoin. "C'est en se basant sur les récits de ces témoins visuels que nous pouvons affirmer que plusieurs centaines de civils ont été tués si ce n'est plus", explique Daniel Eyre, spécialiste du Nigeria pour Amnesty.

L’armée a fui devant les islamistes

Plusieurs témoins affirment que la ville a été abandonnée par l'armée quand Boko Haram est arrivé. "Personnellement, j'ai aidé quatre soldats à monter dans un bateau. Les soldats ont jeté leurs armes et ils ont fui avec nous", raconte Borye Kime, qui a gagné le Tchad. "Les milices d'autodéfense ont combattu un moment puis elles se sont retirées, parce qu'elles ne faisaient pas le poids face aux armes de Boko Haram" explique de son côté Mala Kyari Shuwaram, un chef local.

L'attaque de Baga est survenue à un peu plus d'un mois des élections présidentielle et législative, qui doivent se tenir le 14 février. Elle s'inscrit dans une flambée de violence visiblement destinée à perturber la tenue du scrutin. La commission électorale du Nigeria a assuré mardi 13 janvier que les élections générales auraient bien lieu dans les États du nord-est, mais qu'il était peu probable qu'on puisse voter dans les zones contrôlées par la rébellion islamiste.

Goodluck Jonathan, qui dirige le Nigeria depuis la mort de son prédécesseur Umaru Yar'Adua en 2010, est très critiqué pour n'avoir pas su juguler l'insurrection islamiste, qui a fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés depuis 2009.

Avec AFP