!["Wild" : la randonnée expiatoire d’une Américaine en quête de sens "Wild" : la randonnée expiatoire d’une Américaine en quête de sens](/data/posts/2022/07/20/1658291022_Wild-la-randonnee-expiatoire-d-une-Americaine-en-quete-de-sens.jpg)
Chaque mardi, France 24 se penche sur deux films qui sortent en salles. Cette semaine, le drame rédempteur "Wild" de Jean-Marc Vallée, et le pot-pourri subversif et sensoriel "The Smell of us" de Larry Clark.
Dans la chambre d'un motel miteux, la blonde Cheryl (Reese Witherspoon) passe en revue son équipement : chaussures de marche, tente pliable, matelas pneumatiques, casseroles, gourdes, repas lyophilisés, kits de survie... Demain, elle part seule - et sans entraînement préalable - sur les pistes cahoteuses du Pacific Crest Trail, soit 1 700 kilomètres de marche le long des côtes accidentées de l'ouest américain. Mais une fois lesté de tout ce matériel, le paquetage semble bien trop lourd pour une seule personne. La jeune femme croule littéralement sous le poids de son sac à dos. À moins que cela ne soit sous celui de la culpabilité…
Car c’est bien une randonnée expiatoire que Cheryl s’apprête à entreprendre. Un chemin de croix de 90 jours pour laver ses erreurs passées, ses addictions (à la drogue et au sexe), son rejet systématique du bonheur. Et, surtout, tenter de faire définitivement le deuil de sa mère (évanescente Laura Dern) dont elle peine, malgré les années qui passent, à admettre le décès.
Dans "Dallas Buyers Club", son précédent long métrage, le cinéaste canadien Jean-Marc Vallée racontait déjà l’histoire d’une rédemption. Celle d’un cow-boy macho et homophobe qui, après s’être découvert séropositif, s’ouvrait peu à peu au monde et à la tolérance. Matthew McConaughey excellait dans ce rôle de plouc obtus repenti. Sa prestation lui valut d’ailleurs, l’an passé, l’Oscar du meilleur acteur.
Une belle balade sans grand intérêt
Comme son devancier, "Wild" est un film de performance d’acteur, en l’occurrence d’actrice. Omniprésente à l’écran, Reese Witherspoon joue ici sa partition de femme fragile-mais-déterminée sans fausse note, sans excès de zèle, mais sans cette étincelle qui fait d’un rôle un grand rôle.
Idem pour la mise en scène du réalisateur. L’usage parcimonieux des flash-backs, les apparitions obsessionnelles de la mère disparue, le soin apporté à l’image, la célébration constante de la nature mais aussi de la bonté des hommes (hormis deux chasseurs libidineux, Cheryl ne croisera dans son périple solitaire que des individus au grand cœur) rendent la balade agréable. Mais ne parviennent que rarement, hélas, à susciter l’empathie. Nous assistons aux pérégrinations de l’héroïne avec le même détachement qu’une personne participant à la soirée diapo d’un ami revenu d’un long voyage formateur. C’est beau, épatant, courageux même, mais loin d'être vibrant.
Inspirée d’une autobiographie à succès de Cheryl Strayed (que l’écrivain Nick Hornby a scénarisée pour l’occasion), "Wild" s’insinue dans la quête d’identité pour mieux exalter le dépassement de soi. En clair, nous dit le film, c’est en souffrant qu’on tire le meilleur de nous-mêmes. Valeur chère au cinéma américain qui constitue la sève de nombre de ses productions, comme le très acclamé "Whiplash", pour citer l’exemple le plus récent.
Jean-Marc Vallée s’en est en tous cas fait une spécialité et enchaîne dorénavant les tournages à Hollywood. Après avoir fait coup sur coup "Dallas Buyers Club" et "Wild", le réalisateur a déjà deux autres films en préparation pour 2015, dont "Demolition" avec Jake Gyllenhaal et Naomi Watts. Peut-être encore le récit d’une reconstruction…
"Wild" de Jean-Marc Vallée, avec Reese Witherspoon, Laura Dern, Thomas Sadoski, Gaby Hoffmann… (1h57)