
Dans un entretien publié samedi par "Paris Review", Michel Houellebecq se défend d'avoir voulu provoquer les musulmans dans "Soumission", son dernier livre à paraître le 7 janvier, et dans lequel il évoque leur arrivée au pouvoir en 2022.
Alors que son roman "Soumission" (Flammarion) ne sort que le 7 janvier en librairie, l’ouvrage de l’écrivain français Michel Houellebecq est annoncé comme l'événement littéraire de ce début d'année.
Sans surprise, le livre qui dépeint une France dirigée par un président issu d’un parti musulman en 2022 et soumise à l’islam radical, fait déjà beaucoup parler de lui. Au point que l’auteur Michel Houellebecq, qui avait déclaré en 2001 "la religion la plus con, c'est quand même l'islam", s'est défendu de toute provocation islamophobe dans une interview accordée à la revue littéraire trimestrielle américaine "Paris Review" et publiée samedi 3 janvier.
"Je procède à une accélération de l'Histoire mais, non, je ne peux pas dire que c'est une provocation dans la mesure où je ne dis pas de choses que je pense foncièrement fausses, juste pour énerver. Je condense une évolution à mon avis vraisemblable", assure-t-il, au journaliste Sylvain Bourmeau, qui a mené l'interview.
Michel Houellebecq avoue "utiliser le fait de faire peur", concédant qu’à supposer que "les musulmans réussissent à s'entendre entre eux (...), cela prendrait certainement des dizaines d'années" pour qu'ils accèdent au pouvoir en France.
"Le Coran est mieux que je ne le pensais, maintenant que je l'ai lu", ajoute le prix Goncourt 2010, et conclut que "les jihadistes sont de mauvais musulmans". "Je ne suis pas un intellectuel. Je ne prends pas parti. Je ne défends aucun régime", poursuit-il, "l'islamophobie n'est pas une sorte de racisme".
Finkielkraut loue la clairvoyance de Houellebecq
Dans son roman, dont une version piratée circule déjà illégalement sur Internet, le récit débute à la fin du second mandat de François Hollande, en 2022, dans une France déclinante. Le candidat de la Fraternité musulmane (parti inventé par l'auteur) bat Marine Le Pen au second tour de la présidentielle grâce à un front républicain.
Le nouveau chef de l'État, Mohammed Ben Abbes, nomme François Bayrou Premier ministre, avant de faire appliquer les usages de l’islam radical au pays sans y rencontrer de résistance. Il est notamment question de polygamie, du port du voile, du retour des femmes à la maison, de la fin de la liberté de conscience et de la conversion à l'islam. Ainsi, le narrateur, un professeur d'université, se convertit à l'islam pour conserver son poste.
Depuis plusieurs semaines, critiques littéraires et intellectuels alimentent la controverse autour du livre, qualifié de " politique fiction" par son auteur.
Ce roman "restera comme une date dans l'histoire des idées, qui marquera l'irruption - ou le retour - des thèses de l'extrême droite dans la haute littérature". Le livre "adoube les idées du FN, ou bien celles d'Eric Zemmour, au cœur de l'élite intellectuelle", jugeait le directeur de "Libération", Laurent Joffrin, dans l'édition du 3 janvier.
De son côté, le philosophe Alain Finkielkraut estime que Michel Houellebecq "a les yeux ouverts et ne se laisse pas intimider par le politiquement correct". Il décrit "un avenir qui n'est pas certain mais qui est plausible".
Avec AFP