Kiev et les séparatistes ont échangé vendredi leurs premiers prisonniers, dans la région de Donetsk. Malgré des discussions toujours dans l'impasse, les deux parties avaient conclu un accord sur ce point mercredi, à Minsk, en Biélorussie.
Une centaine de soldats ukrainiens devrait recouvrer la liberté en échange de la libération de plusieurs dizaines de rebelles pro-russes. C'est le seul accord tangible que les autorités ukrainiennes et les séparatistes de l’est du pays, assistés de la Russie et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont conclu lors des négociations entamées depuis mercredi à Minsk, en Biélorussie.
Cet échange a débuté par groupe de dix près de la ville de Kostiantynivka (45 km au nord du bastion rebelle de Donetsk) vendredi 26 décembre, selon un journaliste de l'AFP. Sur Twitter, un journaliste du site Russia Today a publié quelques photos de ces premiers échanges.
Selon le journaliste de l'AFP, les prisonniers, habillés en civil et tenant des sacs, étaient placés en rang, les uns face aux autres, à 100 mètres de distance.
"On vient de nous dire ce qui va se passer, je suis heureux de rentrer à la maison, de voir mes parents et ma femme qui ne savent pas encore (que je suis libéré)", a confié à l'AFP Artem Siourik, médecin des troupes de l'Intérieur, originaire de la ville de Dnipropetrovsk.
"Je veux juste manger des œufs au plat et parler à mes parents", lance de son côté Denis Balboukov, un rebelle libéré de 21 ans, qui promet de "reprendre le combat".
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L'échange de prisonniers est l'un des critères du protocole de Minsk, négocié en septembre par des représentants des autorités de Kiev, des émissaires des séparatistes pro-russes, de la Russie et de l'OSCE. Selon l'armée régulière, 600 soldats ukrainiens sont aux mains des rebelles.
"Statut spécial" pour Donetsk et Lougansk
Les émissaires de Kiev et les rebelles pro-russes, qui devaient à nouveau se réunir vendredi à Minsk, ont annulé leur entrevue en raison de différends n’ayant pas débouché sur un accord lors de la précédente négociation.
Les insurgés réclament toujours la reprise du financement des zones sous leur contrôle, coupé par Kiev à la mi-novembre, et un "statut spécial" donnant plus d'autonomie aux régions de Donetsk et de Lougansk. Mercredi, Ils avaient déjà qualifié la rencontre de "difficile" et émis des doutes sur la poursuite des discussions.
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Signe de l'enlisement de la situation, Kiev et rebelles se sont mutuellement accusés de vouloir saper le processus de paix. Les négociations à Minsk devaient permettre de trouver une issue à un conflit qui a fait plus de 4 700 morts en huit mois.
La Russie n'a pas fait en sorte de calmer le jeu vendredi en publiant une version actualisée de sa doctrine militaire qui pointe l'Otan comme une menace fondamentale pour la sécurité du pays. Moscou avait déjà menacé de "réagir" en cas d'entrée de l'Ukraine dans l'Otan après l'abandon symbolique par Kiev, le 23 décembre, de son statut de pays non-aligné.
Avec AFP et Reuters