Accusée par Washington d’être à l’origine de la cyberattaque d’envergure contre Sony Pictures, la Corée du Nord a réagi samedi, niant toute implication. Pyongyang propose même une enquête conjointe avec les États-Unis.
La Corée du Nord, qui nie être à l’origine de la cyberattaque contre Sony Pictures fin novembre, a proposé samedi 20 décembre aux États-Unis une enquête conjointe sur cette affaire. La veille, le président Barack Obama avait lancé des menaces de rétorsion contre Pyongyang, après que le FBI eut imputé la responsabilité de cette attaque massive à la Corée du Nord.
"Puisque les États-Unis répandent des allégations sans fondement et nous diffament, nous leur proposons une enquête conjointe", a indiqué le ministère nord-coréen des Affaires étrangères, cité par l'agence de presse officielle KCNA. "Sans aller jusqu'à recourir à la torture comme l'a fait la CIA américaine, nous avons les moyens de prouver que nous n'avons rien à voir avec cet incident", a ajouté le ministère, ironisant sur le récent rapport publié par le Sénat américain confirmant que des techniques d’interrogatoire brutales avaient été utilisées entre 2002 et 2008.
"Nous ne tolérerons jamais que qui ce soit insulte notre plus haute autorité", a ajouté le ministère nord-coréen, en référence au film "The Interview" ("L’interview qui tue"), une comédie satirique sur un complot fictif de la CIA pour assassiner le leader nord-coréen Kim Jong-un. Sony a finalement renoncé à sortir le long-métrage en salles après la cyberattaque d'envergure revendiquée par le groupe de pirates informatiques GOP ("Guardians of Peace"), au cours de laquelle d'innombrables informations ont été dérobées et certaines mises en ligne.
Les États-Unis s'exposent à "de graves conséquences s'ils refusent"
Sony a aussi reçu des menaces évoquant les attentats du 11-Septembre pour les salles qui diffuseraient la comédie. "Au cas où nous aurions à exercer des représailles, nous ne mènerions pas d'attentats terroristes contre des spectateurs innocents dans des cinémas mais des attaques frontales contre ceux qui se livrent à des activités hostiles" contre la Corée du Nord, poursuit le ministère nord-coréen.
Les États-Unis s'exposent à "de graves conséquences s'ils refusent notre proposition [d'enquête conjointe] et continuent de se répandre sur des supposées représailles contre nous", conclut le ministère.
Vendredi, le président Barack Obama avait promis que les États-Unis "répondraient" à la Corée du Nord, désignée comme l'auteur de la plus grave cyberattaque jamais menée sur le sol américain. Barack Obama a affirmé que Washington ne cèderait jamais devant "quel que dictateur que ce soit".
"Nous pouvons confirmer que la Corée du Nord s'est engagée dans cette attaque", a-t-il dit. "Nous répondrons de manière proportionnée et nous répondrons à un moment, à un endroit et d'une manière que nous choisirons", a prévenu le président américain lors d'une conférence de presse, excluant qu'un autre pays ait agi avec Pyongyang.
La Corée du Sud et le Japon proposent leur aide
Samedi, la Corée du Sud a accusé son voisin du Nord d'avoir mené les cyberattaques contre le groupe Sony Pictures. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a en effet relevé "des similitudes entre les attaques contre Sony Pictures et celles menées contre des banques sud-coréennes en mars l'an dernier", imputées à l'agence nord-coréenne du renseignement.
Séoul a indiqué être prêt à partager avec les Etats-Unis les informations "liées à la cyberattaque contre Sony" et à renforcer la coopération internationale pour faire face à de nouvelles menaces informatiques.
Le Japon a envoyé le même message. Un porte-parole du Premier ministre Shinzo Abe a déclaré à l'AFP que "le gouvernement japonais communique étroitement avec les Etats-Unis et soutient leur approche sur cette question".
Avec AFP