
Le gouvernement intérimaire, dirigé par Jan Fischer, a été officiellement nommé, un peu plus d'un mois après la démission de l'ex-Premier ministre Mirek Topolanek. Il assurera la conduite du pays jusqu'aux élections anticipées d'octobre.
AFP - Le gouvernement intérimaire piloté par le haut fonctionnaire Jan Fischer a remplacé vendredi après-midi le gouvernement du libéral Mirek Topolanek, renversé par un vote de défiance des députés tchèques en pleine présidence de l'UE.
"L'incertitude qui a duré plusieurs semaine depuis la chute du gouvernement précedent prend fin aujourd'hui et le travail quotidien commence maintenant", a déclaré le président Vaclav Klaus au cours de la cérémonie officielle de prestation de serment.
Le chef de l'Etat s'est dit "sûr" du succès de la nouvelle équipe qui doit gérer le pays jusqu'aux législatives anticipées en octobre.
Composé d'experts et de fonctionnaires sans étiquette, le cabinet Fischer devra aussi gérer les dernières semaines de la présidence semestrielle de l'Union européenne, avant que la Suède ne prenne le relais le 1er juillet prochain.
"Nous voulons achever avec honneur la présidence tchèque de l'UE, préparer un bon budget pour 2010 et assurer un bon fonctionnement de l'Etat", a déclaré M. Fischer lors de la cérémonie.
Totalement inconnu du grand public jusqu'à sa récente nomination, ce haut fonctionnaire de 58 ans affirme n'avoir "aucune ambition politique" et souhaite retourner à la fin de son mandat à l'Office tchèque des statistiques (CSU) où il a fait toute sa carrière.
Mais il rejette l'image de "marionnette" que la presse locale lui colle du fait que son équipe gouvernementale a été composée sur la base d'un accord politique. "Je ne serai sûrement pas un bouffon obéissant", a-t-il dit cette semaine.
A la surprise générale, le statisticien s'est d'ailleurs déjà permis de modifier quelques noms sur la liste de ministrables établie par les partis politiques sur la base d'un accord.
Cependant, alors que son cabinet compte un nombre record d'anciens communistes depuis l'indépendance du pays en 1993, son adhésion pendant neuf ans au parti communiste a provoqué un débat dans le pays qui s'apprête à fêter le 20e anniversaire de la chute du pouvoir totalitaire.
Avant de lui céder la place, son prédécesseur, Mirek Topolanek, a présidé vendredi matin un dernière réunion européenne consacrée au transit du gaz. Il avait fait la veille ses adieux à ses partenaires européens au cours d'un grand sommet de lancement du partenariat oriental destiné à renforcer les liens de l'Union européenne avec six pays issus de la sphère soviétique.
La chute de sa coalition de centre droite, en pleine présidence de l'UE, a été provoquée fin mars par un vote de défiance des députés à l'initiative de l'opposition sociale-démocrate.
Son premier geste de chef de gouvernement, en janvier 2007, fut d'ouvrir des négociations avec Washington pour l'installation d'un radar antimissile américain sur le sol tchèque. Son dernier grand discours l'a vu mercredi appeler les sénateurs tchèques à soutenir le Traité de Lisbonne pour éviter une "nouvelle honte" à leur pays.
Sous ses injonctions, les sénateurs ont fini par adopter le document mercredi avec une majorité confortable, au grand dépit du très eurosceptique président Vaclav Klaus, une des plus farouches adversaires du texte.
Après avoir qualifié la présidence tchèque de l'UE de "chose sans importance", M. Klaus a profité de la crise politique tchèque pour se propulser sur le devant de la scène européenne et prendre en charge quelques sommets, comme ceux de l'UE avec le Japon et la Corée du Sud.
M. Topolanek, qui l'a accusé d'avoir contribué à la chute de son gouvernement, préconise cependant que Jan Fischer joue pleinement son rôle à la tête de l'exécutif européen. "Qui d'autre pourrait présider le Conseil européen?", s'est-il faussement interrogé jeudi en soulignant que "tous les Etats membres de l'UE semblent d'accord" à ce sujet.