
Nos envoyés spéciaux se sont rendus clandestinement à Jolo, l'une des îles les plus dangereuses du monde, où le groupe islamiste Abou Sayyaf, soupçonné d'être lié à Al-Qaïda, se finance grâce aux enlèvements d'étrangers.
Fin mars, l’état d’urgence a été décrété sur l’île de Jolo, sanctuaire islamiste dans un pays très majoritairement chrétien. Dans cet ancien sultanat, bastion du groupe islamiste Abou Sayyaf, l'armée philippine tente par la manière forte d'en finir avec toute rébellion.
L’état d’urgence s’accompagne en effet d’un déploiement massif de l’armée philippine : 30 000 soldats sont présents sur l’île. Les Etats-Unis participent à cette lutte et ont déployé quelques centaines d’hommes dans la région: Abou Sayyaf est fortement soupçonné de liens avec Al-Qaïda. Mais cette aide américaine n’est pas forcément bien vue par la population locale.
Des attentats presque quotidiens
Le groupe islamiste, retranché dans la jungle, finance ses opérations par les enlèvements, surtout d’étrangers. Jusqu’au 1er avril, il retenait trois employés de la Croix-Rouge et en a libéré deux depuis. Abou Sayyaf retient toujours un dernier employé en otage. Mais les négociations entre le gouvernement local et le groupe islamiste semblent au point mort.
La population de Jolo souffre. Les attentats sont presque quotidiens dans une zone sans foi ni loi où l'on compte près d'une arme à feu par habitant. Malgré les efforts de l’armée, la violence et la mort rôdent partout à Jolo. Personne ici ne peut plus vraiment se permettre de songer au lendemain.