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LeWeb'14 : ces start-up qui veulent révolutionner notre quotidien

Le salon parisien des nouveaux médias LeWeb'14 est l’occasion pour des jeunes entrepreneurs de dévoiler leur projet. France 24 en a rencontré plusieurs, qui espèrent pouvoir bousculer nos modes de vie et de consommation avec leurs idées.

Elles ont toutes en commun une furieuse envie de chambouler un secteur, si ce n’est le monde. Kappo, Pilo, NaturalCycles ou encore Braineet participent au concours des start-up du salon LeWeb’14, qui se tient dans le nord de Paris du jusqu'à jeudi 11 décembre.

Leurs projets - mettre un terme à l’utilisation des piles, faire de la pilule contraceptive une antiquité ou encore lutter contre la tyrannie de la voiture - sont ambitieux. “Il faut être concentré à 1000 % dessus si on veut avoir une chance de réussir”, assure l’un de ces entrepreneurs à France 24. Il faut aussi être prêt à renoncer à des situations professionnelles souvent plus confortables et mettre entre parenthèses des projets personnels, comme le montre le parcours de ces créateurs d’entreprises rencontrés par France 24.

NaturalCycles. Elina Berglund Scherwitzl a participé à la découverte du boson de Higgs. Pas mal pour cette physicienne suédoise qui travaillait au prestigieux centre de recherche du Cern. Pourtant elle estime que le projet pour lequel elle a tout plaqué a potentiellement “un plus grand impact sur la vie quotidienne des gens”, assure-t-elle. Mieux que découvrir l’origine du monde ? Elle veut rendre, grâce à sa start-up NaturalCycles, la pilule contraceptive obsolète.

Avec son mari, également physicien, elle a travaillé à créer un algorithme novateur qui permet en fonction de la température du corps d’une femme d’établir s’il y a un risque ou non de tomber enceinte lors d’un rapport sexuel. L'an dernier, elle a mis en place un site ainsi qu'une application et elle fournit même un thermomètre. Les utilisatrices n’ont plus qu’à indiquer tous les jours leur température et NaturalCycles fait le reste. “Plus la peine de devoir penser à prendre la pilule tous les jours et souffrir d’éventuels effets secondaires désagréables”, explique Elina Berglund Scherwitzl.

“Créer ce service nous a pris beaucoup de temps de notre vie”, reconnaît-elle. Des projets familiaux qu’ils auraient pu réaliser ont dû être mis de côté pour démarcher les investisseurs et travailler sur leur projet. Au final, NaturalCycles compte aujourd’hui plus de 10 000 utilisatrices “heureuses”, essentiellement dans les pays du nord de l’Europe, qui dépensent en moyenne sept euros par mois pour ce service. Elina Berglund Scherwitzl cherche désormais à récolter environ 1,5 million d’euros pour promouvoir son outil de contraception 2.0 au Royaume-Uni, en Allemagne et dans d’autres pays.

Kappo. Un jeu sur mobile peut-il être le début de la fin de l’ère de la voiture reine ? L’idée peut paraître saugrenue, mais c’est ce qu’espère le Chilien Ivan Paez Mora.

A priori Kappo ne paie pas vraiment de mine. C’est un petit jeu qui incite les mobinautes à prendre davantage le vélo. L’application Kappo offre des récompenses virtuelles pour avoir rempli certains objectifs, comme rouler à telle allure, sous la pluie ou pendant un certain temps.

Mais ce qui intéresse surtout Ivan Paez Mora, ce sont toutes les données géolocalisées qu’il récupère grâce à son petit jeu. Elles lui permettent de dresser une carte précise des zones les plus utilisées par les cyclistes en ville. Des informations qu’il veut mettre au service des municipalités afin “de leur fournir toutes les données nécessaires pour développer judicieusement leurs infrastructures de pistes cyclables”.

Il estime que les autorités n’y pensent que très mal, alors que le vélo pourrait être l’alternative la plus efficace à la voiture en centre-ville. Pour l’instant seuls Santiago au Chili et Odense au Danemark ont signé un contrat avec Ivan Paez Mora.

Pourquoi le Danemark ? C’est là qu’il a travaillé sur son application. Un choix qui lui a coûté. À 29 ans, il a dû laisser sa femme et ses trois enfants au Chili pour venir développer son idée en Europe. Il a également abandonné son travail d’ingénieur à Santiago pour poursuivre son projet. Mais “j’ai demandé à ma femme si elle voulait continuer à vivre avec un homme, qui était frustré par son travail, frustré par ce que faisait la ville en matière d’infrastructures ou si elle était d’accord de me laisser faire ce que je voulais, dans l’espoir de devenir un père heureux et fier d’avoir fait quelque chose qui pourrait améliorer le quotidien de ses enfants”.

Pilo. Tout a commencé lors d’une randonnée en Colombie, il y a un an. Nicolas Toper se retrouve à cours de batterie. Il est alors convaincu que le système actuel est imparfait. De retour en France, cet entrepreneur décide avec Urbain Prieur, un jeune ingénieur en robotique de 29 ans, de tourner la page de l’ère des piles… et plus largement des batteries à recharger.

C’est le principe de Pilo, qui ressemble à une pile, fonctionne comme une pile mais ne contient rien de chimique, que du mécanique, et n’a pas besoin d’être changé. Jamais. Il suffit de la secouer pour la recharger. Une idée qui pourrait, potentiellement, faire économiser beaucoup d’argent aux consommateurs et faire du bien à l’environnement. Pour une télécommande, par exemple, “si la batterie est déchargée, on le secoue pendant une seconde et on peut ensuite passer un ordre comme éteindre la télévision ou changer de chaîne”, explique Urbain Prieur.

La technologie, encore à l’état de prototype, fonctionne avec tout ce qui a besoin d’être rechargé, comme les smartphones. C’est d’ailleurs l’autre grand projet de Pilo : un smartphone à manivelle. “L’idée est de proposer un téléphone qu’on pourrait recharger sans avoir besoin d’avoir un accès à l’électricité”, raconte Urbain Prieur. Un tel smartphone pourrait, à son avis, changer la donne dans les pays émergents où les sources d’électricité ne sont pas toujours présentes. Les équipes de Pilo ont déjà réussi à faire fonctionner un prototype, et espèrent pouvoir le commercialiser d’ici un an.

Braineet. “Il fallait que je le fasse, je n’en dormais plus”. Jonathan Livescault a eu l’idée de sa start-up, alors qu’il se remettait d’un accident au football qui l’a immobilisé pendant plusieurs semaines. “J’avais trop peur qu’un grand groupe lance un service similaire avant moi”, raconte ce diplômé de l’Essec, qui avait une vie assez tranquille de consultant en stratégie.

À 29 ans, ce père d’un enfant a démissionné pour monter Braineet et convaincu son meilleur ami, Alban Margain, de le suivre. Il a aussi dû convaincre sa femme que le jeu en valait la chandelle. “On avait évalué qu’on pouvait tenir deux ans sans trop s’inquiéter avec l’argent mis de côté”, précise Jonathan Livescault.

Deux ans pour faire réussir Braineet, un site censé transformer la relation entre les consommateurs et les marques. N’importe quel internaute peut y soumettre des suggestions aux marques. À deux conditions : que la proposition soit courte - pas plus de 140 caractères - et qu’elle commence par “Et si”.

En deux mois d’existence, le site a déjà séduit une quarantaine de marques et 3 000 utilisateurs réguliers. La prochaine étape est de réussir à faire payer les entreprises pour qu’elles utilisent les fonctionnalités avancées du site.

Jusqu’à présent cette expérience lui a démontré une chose : “Ceux qui disent que la France ne favorise pas les jeunes entrepreneurs ont tort. Il est très, très facile de le faire entre les crédits d’impôts et une scène française qui bouge beaucoup”. Le seul souci est l’accès aux fonds privés. Les investisseurs français sont, d’après lui, beaucoup plus prudents qu’aux États-Unis.