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La récente controverse concernant le code chiite de la famille a mis en exergue la lutte pour le pouvoir au sein de la communauté chiite d’Afghanistan. À l'origine de ce combat des chefs : deux hommes influents au passé glorieux.

Les fonds dont disposent le centre Khatam al-Nabyeen sont, de leur côté, la source de spéculations intenses à Kaboul.

“Quand vous avez une grande mosquée avec des hauts-parleurs, une radio et une chaîne de télévision, une madrasa, des propriétés de premier choix à Kaboul, cela pose questions, réfléchit à voix haute Shinkay Karokhail, une députée qui a déjà croisé le fer avec les supporteurs de Mohseni au sujet du code de la famille. Il y a toutes sortes de scandales le concernant.”

Ces nombreuses allégations sont difficiles à confirmer. Mais la plupart des experts afghans soutiennent que les fonds de Mohseni viennent de cercles officiels iraniens.

Des journalistes qui ont démissionné de la chaîne de télévision Tamadon affirment qu’ils ont été formés à Téhéran et reçus par les Pasdaran, les Gardiens de la révolution iranienne. Lors de leur démission, ils ont évoqué des interférences excessives de "conseillers iraniens" dans la ligne éditoriale.

“Si vous regardez Tamadon TV, les émissions ne présentent presque exclusivement que la ligne politique iranienne, souligne Ibrahimi. Il y a une couverture médiatique importante sur le Hezbollah, la question palestinienne et la présence américaine en Irak. Ils essaient de mobiliser l’opinion publique contre Israël et amplifient les signes d’opposition aux opérations militaires américaines. C’est la chaîne de télévision afghane du gouvernement iranien."

Relations compliquées avec l'Iran

En tant que groupe chiite opprimé au sein d’une nation à majorité sunnite, les Hazaras se sont toujours tournés vers l’Iran. Mais alors que le gouvernement iranien apportait un soutien fort et sensible aux partis politiques hazaras lors du djihad antisoviétique, la plupart des Hazaras maintenaient des relations compliquées avec leur puissant voisin chiite.

Face à la discrimination qu’ils affrontent, les Hazaras se sont rapprochés des démocraties laïques occidentales qui soutiennent les droits des minorités. Ils restent profondément suspicieux vis-à-vis de l’implication politique iranienne dans leur pays et sont grandement opposés à l’interprétation officielle iranienne de la loi islamique.

Pour de nombreux Hazaras, l’éducation représente la façon la plus efficace pour améliorer leur vie quotidienne. Les attaques contre les écoles comme celle de Marefat sont donc particulièrement alarmantes.

Banin Khawazi, une élève de 18 ans du lycée Marefat, se rappelle le jour où son père, un charpentier illettré, lui a parlé de la conversion des étudiants du lycée au christianisme. “Je lui ai demandé s’il a vu un quelconque changement dans mon comportement et j’ai commencé à parler du code de la famille avec lui, dit-elle gravement. Il était surpris de me voir lui parler. C’était la première fois que je m'exprimais avant qu’il ne prenne la parole. Il m’a écouté et a accepté mon opinion. C’est pour cela que nos parents nous envoient à l’école. Nous avons à élever la voix pour ce qui est juste, nous n’avons aucun autre choix."