Le président russe Vladimir Poutine a appelé, jeudi, le gouvernement et la Banque centrale à se mobiliser pour lutter contre la dévaluation du rouble. Il veut notamment punir les spéculateurs qui s'en prendraient à la monnaie russe.
En plus de sa campagne en Ukraine, de sa bataille contre les sanctions économiques occidentales, Vladimir Poutine a trouvé un nouvel ennemi : les "spéculateurs" qui font chuter le rouble.
Le président russe, lors de son allocution annuelle devant les deux chambres du Parlement jeudi 4 décembre, a averti que "les autorités savent qui sont ces spéculateurs". "Nous avons les moyens de les contrer", a mis en garde Vladimir Poutine, pressant la Banque centrale et le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour les faire plier. Mais le maître du Kremlin n'est pas rentré dans les détails, refusant de préciser à quels outils les autorités allaient recourir pour s'attaquer à ces mystérieux spéculateurs, ou même expliquer s'il s'agissait de boursicoteurs russes ou étrangers.
Rapatrier ses avoirs contre une amnistie totale
Il s'est, en revanche, montré beaucoup plus précis dans son appel aux grandes fortunes tentés de mettre leurs avoirs à l'abri à l'étranger. Vladimir Poutine a promis une "amnistie totale pour les capitaux qui reviennent en Russie". Il a précisé : "On va le faire maintenant, mais une seule fois. Ceux qui le souhaitent doivent en profiter".
Cette amnistie est censée protéger d'éventuels ressortissants russes qui se seraient enrichis en prenant quelques libertés avec la loi. "Nous comprenons tous que l'on peut gagner de l'argent de bien des façons", a expliqué le président russe. Les autorités fiscales seront, ainsi, priées de ne pas demander d'où vient l'argent rapatrié ou d'exiger d'éventuels arriérés d'impôts.
Reste à savoir si cette main tendue suffira pour convaincre les personnes concernées. Depuis la mise en place des sanctions économiques occidentales contre la Russie, environ 128 milliards de dollars ont disparu des banques russes pour aller chercher refuge sous des cieux économiquement plus stables.
L'intervention de Vladimir Poutine était, en tout cas, attendue pour essayer de contrer la chute du rouble. La monnaie russe a perdu plus de 37 % de sa valeur en un an. La situation économique détériorée du pays et les prix bas du pétrole rendent la monnaie russe très peu attractive. Cette situation fait craindre aux autorités que les Russes décident de retirer leur épargne des banques pour la convertir dans une monnaie plus solide. C'est déjà ce qui s'était passé en 1998, déclenchant une vaste crise financière dans le pays.
Avec AFP