
Au Liban, le sujet de la guerre civile (1975-1990) reste encore tabou à Beyrouth, 25 ans après la fin du conflit. Nos reporters sont retournés dans la capitale libanaise, à la rencontre de Beyrouthins de tous âges, qui oscillent entre souvenir et amnésie.
Visiter l’hôtel Holiday Inn, ex-temple du luxe devenu une immense carcasse de béton percée de trous d’obus en plein cœur de Beyrouth, est un exercice des plus difficiles. Deux "accompagnateurs" de deux services de renseignement différents de l’armée nous escortent. Leur travail : vérifier que nous ne filmons pas les rangées de tanks alignées au pied de l’hôtel, dont la base sert aujourd’hui de caserne aux soldats.
Pour pouvoir pénétrer à l'intérieur de l’hôtel - dont rien ne rappelle sa splendeur des années 1970 - il aura fallu obtenir la permission du groupe koweïtien, qui possède les lieux et qui cherche à le vendre en vue d'une éventuelle réhabilitation et réouverture.
Dans la capitale libanaise, prise en étau par des conflits voisins qui n'en finissent pas, filmer n'est pas chose facile, tant chaque parcelle est liée à un épisode sensible de l'histoire du pays du cèdre. Ainsi, et sans surprise, notre équipe fut escortée lors du tournage dans la banlieue sud de Beyrouth, le fief du Hezbollah. Pas question pour le mouvement chiite de nous laisser filmer autre chose que le coin de rue prévu.
Sans pouvoir témoigner, comment alors se souvenir ? Une question ne se pose pas la jeunesse beyrouthine, qui préfère oublier. Au Sporting Club, institution nocturne qui remonte aux années 1950 et dont l’immense terrasse surplombe la Méditerranée, la jeunesse, elle, préfère noyer les problèmes du quotidien et ne souhaite pas entendre parler des tourments du passé.