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Six personnes ont été mises en examen jeudi, dans le cadre de l'enquête sur d’éventuels matches truqués en Ligue 2, dont Michel Moulin, figure connue du football français, Jean-Marc Conrad, président du club de Nîmes, et le président du SM Caen.

La relégation du Nîmes Olympique aurait-elle été évitée grâce à des arrangements illégaux entre plusieurs clubs de Ligue 2 ? Si la justice française est encore loin d'avoir livré son verdict, elle a en tous cas délivré six mises en examen pour corruption, jeudi 20 novembre, notamment à l'encontre de figures connues du football français.

Parmi ces premières mises en examen on compte Michel Moulin, ancien manager sportif du club du Mans en 2010, Jean-Marc Conrad, président du club de Nîmes, Serge Kasparian, son principal actionnaire, et Jean-François Fortin, président du Stade Malherbe de Caen - à ce jour en Ligue 1.

Tous sont poursuivis pour corruption active ou passive "dans le cadre de manifestations sportives pouvant donner lieu à des paris sportifs". Un contrôle judiciaire leur a été imposé qui leur interdit d'entrer en contact les uns avec les autres.

Des interdictions d'exercer ont également été prononcées à l'encontre des deux présidents de club Jean-Marc Conrad et de Jean-François Fortin.

Deux autres mises en examen concernent Franck Toutoundjian,  président d'un club amateur à Issy-les-Moulineaux, et Kaddour Mokkedel, responsable de la sécurité du club de Caen.

Pressions et arrangements ?

Les juges parisiens Serge Tournaire et Hervé Robert cherchent à savoir si les dirigeants nîmois ont exercé des pressions et proposé des arrangements à d'autres clubs à la fin de la saison passée dans le but d'éviter la relégation de leur club.

Les enquêteurs disposent d'écoutes téléphoniques, notamment celles de Serge Kasparian. Ce dernier aurait reconnu la teneur des conversations écoutées et aurait avoué avoir tenté d'influer sur le résultat de matches, selon une source policière.

Parmi les matches suspects figure notamment un Caen-Nîmes le 13 mai. Le résultat (1-1) avait fait les affaires des deux clubs, Caen montant ensuite en 1re division, tandis que Nîmes assurait son maintien.

Autre rencontre suspecte, un match entre Dijon et Nîmes remporté 5-1 par Dijon le 24 avril.

Michel Moulin comme intermédiaire ?

Proche de Jean-Marc Conrad également mise en examen, et de l'entraîneur de Dijon Olivier Dall'Oglio, dont la garde à vue a été levée mercredi, Michel Moulin est soupçonné d'avoir joué un rôle d'intermédiaire entre les deux hommes avant cette rencontre.

"Ce n'est pas le cas, mon client n'a pas pris la moindre somme d'argent et ce match n'a pas été truqué puisque Dijon a battu Nîmes 5-1", a déclaré Me Patrick Maisonneuve.

Michel Moulin a été conseiller sportif du Paris SG d'avril à mai 2008 puis manager sportif du club du Mans en 2010. C'est également un homme de presse : il avait fondé puis revendu le journal gratuit "ParuVendu" et participé à la création de l'éphémère journal "Le 10 Sport", lancé fin 2008 pour concurrencer le quotidien "L'Équipe".

Vieux démons

Alors que cet épisode fait ressurgir le souvenir du match truqué Marseille-Valenciennes en 1993, les plus hautes instances du foot français, la Ligue de football professionnel (LFP) et la Fédération française de football (FFF), ont pris la décision de se constituer parties civiles.

C'est à la faveur d'une toute autre enquête - celle sur le cercle de jeux Cadet - pour laquelle Serge Kasparian qui le dirigeait a été placé en détention provisoire en octobre - que ces soupçons de trucages sont apparus.

Les écoutes téléphoniques réalisées dans le cadre de cette enquête, confirmées à l'AFP de source policière et dont le "Canard Enchaîné" publie des retranscriptions, nourrissent les soupçons des enquêteurs.

Le jour du fameux match entre Caen et Nîmes, les deux présidents se sont téléphonés, selon le "Canard enchaîné", qui retranscrit l'échange. Question de Fortin : "Toi c'est un point aussi [qu'il te faut ?]." Réponse de Conrad : "Ouais, il nous faut un point, voilà." Et Fortin de poursuivre : "Ben, si on n'est pas trop cons, hein ?"

Après le match, le président de Nîmes avait "fait déposer à la porte du vestiaire 24 cartons de 12 bouteilles de vin", avait également affirmé l'hebdomadaire.

Avec AFP