Un an après son coup de force sur Beyrouth et à un mois des législatives, le Hezbollah a renforcé son influence au Liban. Le parti chiite, qui n'hésite plus à revendiquer un rôle régional, s'est même offert une crise avec l'Égypte.
Il y a un an, jour pour jour, le Hezbollah imposait par la force des armes sa volonté à la majorité parlementaire en prenant le contrôle des quartiers sunnites de Beyrouth. Un an plus tard, ce coup de force pourrait être entériné dans les urnes lors des législatives du 7 juin 2009.
Les troubles du 7 mai 2008 avaient éclaté après que le gouvernement eut déclaré illégal le réseau de télécommunication militaire du parti chiite. Ce dernier exigeait par ailleurs la formation d’un gouvernement d’union nationale et un droit de véto garanti à l’opposition, qu’il domine, sur toutes les décisions gouvernementales. Une double revendication entérinée lors du sommet de Doha où la question de son désarmement n'a pas pu être posée.
"Même sans occuper les postes les plus visibles, le Hezbollah dirige progressivement le Liban, en détenant des prérogatives de souveraineté au détriment de l’État. Son armement et son influence politique, qu’il a renforcé depuis son coup de force du '7 mai', lui ont permis de devenir le premier acteur militaire, politique et social du Liban", affirme à FRANCE 24 Antoine Basbous, politologue et directeur de l’Observatoire des pays arabes.
Le Hezbollah se sent-il trop à l’étroit au Liban ?
Après avoir ainsi assuré ses arrières en devenant incontournable sur le plan national, le Parti de Dieu n’hésite plus à dévoiler ses velléités d’opérer à l’extérieur des frontières exigües du Pays du Cèdre. Cette ambition régionale s’est manifestée une première fois lors de la récente offensive israélienne sur la bande de Gaza. Fort du soutien iranien et de son image de premier résistant à l’Etat hébreu, Hassan Nasrallah avait conjuré la population égyptienne à se soulever contre le régime d'Hosni Moubarak, accusé de jouer le jeu d’Israël en maintenant fermé son poste frontalier de Rafah.
Cette ingérence avait été perçue comme "une déclaration de guerre" par le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit. Mi-avril, le démantèlement d’une cellule du Hezbollah accusée de préparer des attaques terroristes en Egypte est venu gripper un peu plus les relations déjà exécrables entre le Caire et Hassan Nasrallah. Ce dernier a reconnu que la cellule avait une "mission logistique" d'aide aux Palestiniens pour faire entrer à Gaza du matériel militaire
"Le discours du Hezbollah a évolué avec le temps. Nasrallah a reconnu l’existence de la cellule dormante qui opérait en Égypte, c'est-à-dire des activités exercées par une organisation militaire à l’insu d’un État souverain. L’Iran a investit des milliards pour faire du parti chiite ce qu’il est aujourd’hui, c'est-à-dire son bras armé dans la région", explique Antoine Basbous.
Aux législatives, le parti chiite est assuré de récolter les suffrages des électeurs chiites dans les circonscriptions où son influence est incontestée. Il ne sera en position de force au Parlement que si ses alliés, surtout le général chrétien Michel Aoun, lui offrent la majorité.