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À Moscou, Christian Estrosi défend ses amis russes

Alors que les tensions entre l’Ukraine et la Russie rejaillissent, Christian Estrosi s’est rendu, jeudi, à Moscou. L’édile de la "première ville russe de France" a salué un partenaire économique solide malgré les sanctions votées contre le Kremlin.

À l’heure où les rapports entre l’est de l’Ukraine et son voisin russe sont à nouveau à couteaux tirés, le député-maire de Nice, Christian Estrosi, a rendu une visite "amicale" à Moscou. L’édile français a été invité à la Ranepa, l'Académie russe de l'économie nationale.

Le maire UMP, interrogé par RFI jeudi 13 novembre au matin, a assuré sans sourciller que sa venue revêtait un caractère "amical" et… économique. Malgré les sanctions votées à l’égard du géant russe, Christian Estrosi a affirmé faire partie "de ceux qui, sur la scène politique, considèrent qu’il est nécessaire d’entretenir le dialogue avec les autorités russes", a-t-il souligné.

Il est vrai que Christian Estrosi n'est pas la seule personnalité politique française à bichonner ses rapports avec Moscou. L'ancien Premier ministre François Fillon, pour ne citer que lui, excellait dans ce domaine. Et l'ex-leader du Mouvement pour la France, Philippe de Villiers, très à droite de l'échiquier politique, n'a pas hésité à vendre, en pleine crise ukrainienne, un parc touristique à la Russie...

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"Je souhaite que la Métropole Nice Côte d'Azur occupe une place particulière dans les relations franco-russes. Nice est la première ville russe de France"

Надеюсь, что @MetropoleNCA займет особое место во франко-российских отношениях. Ницца - первый русский город Франции pic.twitter.com/Y846f5nFXp

— Christian Estrosi (@cestrosi) 13 Novembre 2014

Christian Estrosi n’a, à son échelle d’édile, aucune influence sur les accords économiques et sur les signatures de gros contrats franco-russes mais son empressement à défendre l’amitié entre Paris et Moscou lors de ce rendez-vous à la Ranepa trahit l’importance que revêt Moscou à ses yeux.

Les Russes participent, en effet, à la bonne santé économique de Nice et de sa région. L’économie touristique de la Côte d’Azur doit beaucoup à ces "novarichs" - comme les a baptisés le journaliste Jean-Jacques Depaulis - dépensant sans compter dans des villas somptueuses et autres yachts luxueux. Selon le quotidien "Nice Matin", ils sont environ 20 000 à avoir élu domicile sur la "French Riviera" - sur les 80 000 expatriés russes que compte la France.

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Peu importe donc les sanctions de l’Élysée à l’égard de la Russie, Christian Estrosi flatte son "ami" russe, allant même jusqu’à tweeter dans la langue de Tolstoï. "Il existe des liens historiques entre la Russie et Nice […]", écrit-il sur son compte officiel. "Nice est la première ville russe de France".

"Il existe des liens historiques entre la Russie et Nice, mais aussi de nouvelles connexions dans l'innovation et les nouvelles technologies"

Существует давняя историческая связь между Россией и Ниццей, но также и новые связи в области инноваций и новых технологий #РАНХиГС

— Christian Estrosi (@cestrosi) 13 Novembre 2014

Dans cette démarche lobbyiste, le maire niçois n’hésite pas non plus à remettre en cause les décisions présidentielles, plus précisément, à critiquer la suspension de la livraison des navires Mistral à Moscou – assujettie à un accord de paix russo-ukrainien. "Je ne soutiens pas cette démarche [de Paris]. La Russie, que je sache, n’est pas en guerre avec la France. Nous ne sommes pas dans une situation telle que cela justifie que l’on n'honore pas des contrats qui sont signés", a-t-il ajouté au micro de RFI. Et de justifier, à demi-mot, la politique russe. "[Il existe à l'est de l'Ukraine] des régions qui se sentent profondément russophones".

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L’ONU s'est déclarée, mercredi, "très inquiète du risque d'un retour à une guerre totale" dans l'est de l'Ukraine, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. Cette réunion du Conseil, la 26e consacrée à la crise ukrainienne, avait été convoquée à la demande des États-Unis pour examiner des accusations d'incursions militaires russes dans l'est de l'Ukraine, confirmées par l'Otan et l'OSCE.