Dans la tourmente depuis les révélations sur un vaste système d'évasion fiscale lorsqu'il était Premier ministre du Luxembourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker affirme vouloir lutter contre ces pratiques.
Il n’était plus apparu en public depuis les révélations de la presse jeudi dernier, moins d’une semaine après avoir pris ses fonctions de président de la Commission européenne. Mais mercredi 12 novembre, Jean-Claude Juncker a décidé de prendre les devants pour tenter d’éteindre la polémique "LuxLeaks". L’ancien Premier ministre du Luxembourg a reconnu être "politiquement responsable" concernant la faible taxation des entreprises dans le Grand-Duché.
La semaine dernière, quarante médias internationaux avaient publié une enquête révélant qu'entre 2002 et 2010, le Luxembourg avait passé des accords fiscaux - les "tax-rulings" - avec 340 multinationales, dont Apple, Amazon, ou Ikea afin de minimiser leurs impôts, privant les États européens de milliards d'euros de recettes fiscales.
Dans un éditorial, l'agence d'informations Bloomberg avait même appelé dimanche à la démission de Jean-Claude Juncker, en estimant que les révélations du "LuxLeaks" constituaient un "nouveau test pour la crédibilité de l'Union européenne".
"Besoin de plus de transparence en Europe"
Le président de la Comission européenne assume, mais refuse de parler de conflit d’intérêt : "Tout ce qui a été fait correspond aux règles internationales en vigueur", a t-il expliqué, reconnaissant cependant que la "faible" taxation des entreprises ne "correspond pas au concept de justice fiscale" et "aux normes éthiques et morales généralement admises". Avant d’ajouter : "Si les décisions fiscales anticipées qui s’appliquent dans les 22 pays de l’Union européenne […] conduisent à une situation de non-taxation, je le regrette."
Pour faire suivre ses paroles d’actes, Jean-Claude Juncker a annoncé un accord entre les 28 commissaires européens pour la rédaction "d’une directive européenne imposant l’échange automatique des 'tax-rulings'", dont il a chargé Pierre Moscovici de préparer le texte.
"Cela me paraît être la seule possibilité d’apporter la dose de transparence dont nous avons besoin en Europe", a ajouté le président, en s’engageant à proposer cette même mesure au sommet du G20.
Les déclarations de Jean-Claude Juncker interviennent alors que la gauche radicale, qui dispose de 52 sièges, tente de récolter les 76 signatures pour déposer une motion de censure. Les groupes socialistes ont pour leur part réclamé que le président vienne s’expliquer publiquement devant les eurodéputés.
Avec AFP