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L'opposition et la société civile burkinabè ont rédigé samedi un projet de "charte" fixant les contours d'un régime civil de transition. Mais l'armée, aux commandes depuis la chute de Compaoré, se tient à l'écart des discussions.

Un projet de "charte" a été élaboré samedi 8 novembre par les représentants burkinabè de l'opposition et de la société civile. Le texte, selon ces acteurs politiques, ouvrent la voie à une restitution rapide du pouvoir par l'armée à une autorité civile.

"Nous venons de terminer l'examen et l'adoption de l'avant-projet de charte", a commenté Zéphirin Diabré, le leader de l'opposition du Burkina Faso, qui a présidé les travaux à Ouagadougou. "Ça a été un travail intense et laborieux."

La version finale du texte doit être adoptée dimanche. En attendant, le contenu exact n'a pas été dévoilé.

Vers une synthèse des propositions

Le document sera ensuite transmis aux autorités militaires qui ont pris les rênes du pays après la démission et la fuite, le 31 octobre, du président Blaise Compaoré, chassé sous la pression de la rue après 27 ans de pouvoir. Les divers protagonistes de la crise se réuniront ensuite pour faire "une synthèse" des propositions des camps en présence, à savoir opposition et société civile, armée, camp du président déchu.

Lorsqu'un document commun sera adopté, "tout devrait se mettre rapidement en place, les organes de la transition et notamment le président de la transition", a estimé Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement, évoquant le milieu de la semaine prochaine. Aucun nom n'a pour l'heure été avancé publiquement pour prendre la "présidence" de la transition.

Invitée à participer aux travaux, l'armée n'a fait qu'une brève apparition d'une demi-heure. En milieu d'après-midi, une délégation militaire conduite par le colonel Auguste Denise Barry, le bras droit du lieutenant-colonel Isaac Zida, est venue "encourager" les travaux.

Incertitude sur l'implication des partisans de Compaoré

Selon plusieurs délégués de la société civile, l'officier a fait un discours "encourageant", répétant avec force que l'armée n'avait pas l'intention de conserver le pouvoir. "Les choses ne peuvent plus être comme avant. Le peuple burkinabè est entré dans l'Histoire, l'armée burkinabè doit aussi entrer dans l'Histoire", a déclaré le colonel, s'attirant des applaudissements. Une manière de dire que le temps des putschs et des juntes militaires est fini pour le Burkina Faso, petit pays sahélien théâtre d'une succession de coups d'État depuis 1966.

Une possible pierre d'achoppement dans ce projet de transition est la participation du camp de l'ex-président Compaoré à une synthèse. Certains opposants et membres de la société civile refusent de siéger à la même table que ses représentants et écartent toute participation de l'ex-majorité à la transition.

Pression diplomatique

Les différents acteurs de la transition burkinabè se savent observés par la communauté internationale. Samedi, le lieutenant-colonel Zida, l'actuel homme fort du pays, a rencontré la sous-secrétaire d'État adjointe américaine pour l'Afrique, Bisa Williams, à Ouagadougou. "Nous comptons sur le respect de la promesse (faite) de mettre en place un gouvernement de transition qui soit géré par un civil et qui soit démocratique (...) dans un court délai", a déclaré, en français, la diplomate américaine aux journalistes.

Les acteurs de la crise ont déjà convenu que la transition durerait un an et qu'elle sera dirigée par une personnalité civile, jusqu'à des élections présidentielle et législatives d'ici à novembre 2015.

Avec AFP