
Après l'annonce de la démission de Blaise Compaoré, le général Honoré Traoré, chef d'état-major de l'armée a déclaré qu'il assumait les fonctions de chef de l'État. Mais une partie des manifestants semble lui préférer le général Kouamé Lougué.
Le chef d'état-major de l'armée du Burkina Faso, le général Honoré Traoré, a annoncé vendredi 31 octobre qu'il assumait désormais les fonctions de chef de l'État après la démission du président Blaise Compaoré.
"Conformément aux dispositions constitutionnelles, constatant la vacance du pouvoir ainsi créée, considérant l'urgence de sauvegarder la vie de la nation [...], j'assumerai à compter de ce jour mes responsabilités de chef de l'État", a déclaré le général de division Traoré, qui a dit "prendre acte de la démission" du président Compaoré.
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La foule crie le nom du général Kouamé Lougué
Mais à Ouagadougou, d'après le correspondant de la BBC Yacouba Ouédraogo, la foule rassemblée crie le nom d'un autre général, le général Kouamé Lougué. "La foule assiège l'État major. Elle continue de réclamer le Général Lougué a la tête de la transition. Tout sauf le Général Honoré Traoré", écrit-il dans un tweet publié peu avant 16 heures.
Selon l'AFP, massés sur la place de la Nation, devant l'état-major des armées, une dizaine de milliers de manifestants scandent notamment "Blaise dégage!" et "Kouamé Lougué président". Kouamé Lougué, général en retraite, ancien ministre de la Défense limogé en 2003 par Compaoré, bénéficie d'un fort capital de sympathie parmi les contestataires. Le slogan "Honoré Traoré démission" se aussi fait entendre. Pour les protestataires, il est considéré comme trop proche de l'ancien président. "Traoré est l'homme de main de Blaise Compaoré", accuse Monou Tapsoaba, un militant d'opposition.
Du côté de la France, ex-puissance coloniale et partenaire-clé du Burkina, la question de la légitimité du nouvel homme fort du pays a immédiatement été soulevée. Si l'annonce du général Traoré devait être confirmée par le Conseil constitutionnel, il s'agirait d'un "coup d'État" qui entraînerait une "mécanique de sanctions", a affirmé une source diplomatique française. La Constitution prévoit que l’intérim soit assuré par le président de l’Assemblée nationale en cas de démission du président. Or le Parlement a été dissous par l'armée jeudi après avoir été incendié par les émeutiers, et le sort du chef des députés reste inconnu.
Blaise Compaoré, introuvable
Confronté à une contestation populaire d'une ampleur sans précédent, Blaise Compaoré a annoncé vendredi qu'il quittait le pouvoir après 27 ans de règne. "Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale [...], je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d'une transition", a-t-il déclaré dans un communiqué lu à la mi-journée par une journaliste à la télévision privée BF1.
Cette transition devra "aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours", a ajouté l'ancien président, dont on ignore où il se trouve exactement. Un convoi lourdement armé, à bord duquel il semblait se trouver aurait été aperçu en direction de la ville de Po, dans le sud du Burkina Faso près de la frontière avec le Ghana, ont rapporté deux sources diplomatiques et des médias locaux vendredi après-midi.
Au lendemain de violentes émeutes contre le régime et de l'annonce par les militaires de la prise de contrôle du pays, des dizaines de milliers de manifestants sont à nouveau descendus vendredi matin dans la rue à Ouagadougou.
Pour l'opposition, "toute transition politique à venir doit être conçue, organisée [...]autour des forces de la société civile, et intégrer toutes les composantes de la nation [...], y compris l'armée", selon une déclaration émise lors d'un point de presse dans la matinée.
Avec AFP