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L'Ukraine, la Russie et l'Europe trouvent un accord sur le gaz

Après quatre mois d'interruption de livraison du gaz russe, l'Ukraine, la Russie et l'UE ont signé un accord, jeudi soir à Bruxelles, sur la reprise des livraisons.

Il n’y a "aucune raison que les gens aient froid cet hiver", a fait valoir le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. À juste titre. Après quatre mois d'interruption des livraisons de gaz liée aux tensions politiques entre Kiev et Moscou, un accord a finalement été signé jeudi à Bruxelles entre l’Ukraine, la Russie et l’UE. Il permettra d’assurer la sécurité énergétique de l’Ukraine, mais aussi de l’Europe, pour les mois froids à venir.

"La responsabilité politique, la logique de coopération et le simple bon sens économique ont prévalu", a affirmé José Manuel Barroso, au cours d'une conférence de presse, jeudi. "C'est un pas important pour notre sécurité énergétique", a-t-il dit.
L'accord sur la reprise des livraisons, conclu après deux jours d’âpres négociations , a été signé par les ministres de l'Énergie des deux pays, le Russe Alexander Novak et l'Ukrainien Iouri Prodan, et par le commissaire européen à l'Énergie, Günther Oettinger. Ce dernier a qualifié cet accord de "première lueur" d’apaisement dans les relations entre l’Ukraine et la Russie, tendues depuis l’arrivée au pouvoir à Kiev de partisans d’un rapprochement avec l’UE.
Règlement des dettes de l’Ukraine
Les négociations ont néanmoins été ardues, elles ont même été suspendues dans la matinée de jeudi. La Russie réclamait davantage de garanties de la part de l’UE sur le paiement par l’Ukraine du gaz russe. L’Ukraine exigeait, de son côté, des garanties sur le respect des tarifs gaziers par la Russie.
Un prix de "moins de 385 dollars les 1 000 m3" a été fixé pour toute la durée de l'accord intérimaire.   Gazprom avait presque doublé le prix du gaz après la chute en février du président prorusse Viktor Ianoukovitch, suivie de l'arrivée d'un gouvernement pro-occidental. Le géant gazier avait alors interrompu ses livraisons de gaz à Kiev en juin, arguant d'impayés colossaux.
Autre point crucial de l'accord : l’Ukraine devra s’acquitter d’une dette de 3,1 milliards de dollars (environ 2,5 milliards d’euros). Une somme de 1,45 milliard de dollars sera versée sans délai, puis une autre de 1,65 milliard d’ici la fin de l’année. Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a déclaré que Kiev était prête à régler immédiatement  ses dettes au groupe russe Gazprom dès qu’un accord serait signé. L’Ukraine devra  désormais payer les livraisons de gaz russe à l’avance.
L’Europe rassurée
L'UE ne s'est pas formellement portée garante des engagements financiers de Kiev. Mais les aides substantielles de l'Europe, qui a lancé deux programmes de soutien pour 1,6 milliard d'euros au printemps, et du Fonds monétaire international, qui a promis un prêt de 17 milliards de dollars, vont aider Kiev à régler la dette, a assuré Günther Oettinger.
La suspension des livraisons de gaz russe à l'Ukraine n'a eu guère d'effets concrets depuis juin mais l'approche de l'hiver et la baisse des températures ont rendu un accord plus urgent. François Hollande et Angela Merkel, qui se sont entretenus jeudi soir avec les chefs d’État russe et ukrainien, ont salué la conclusion de l’accord et souligné la nécessité de la mise en œuvre du protocole de Minsk, accord de cessez-le-feu signé le 5 septembre, selon un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi.

Avec AFP et Reuters

Tags: Ukraine, Russie, Gaz,