Berlin a fini par accepter la vente de trois bateaux lance-missiles à Israël, moyennant une remise de 300 millions d'euros, rapporte le quotidien "Haaretz". Une décision motivée par la sécurité d'Israël et les intérêts économiques allemands.
C'est un accord qui vient apaiser plusieurs mois de tensions entre l'Allemagne et Israël. Berlin a fini par céder à l'État hébreu, qui souhaitait acquérir trois bateaux lance-missiles avec une remise de 300 millions d'euros, rapporte l e quotidien israélien "Haaretz", dimanche 19 cotobre. Le marché devrait être finalisé au cours des prochaines semaines.
L'acquisition de ces bateaux, dont la valeur totale est estimée à 900 millions d'euros selon le journal, s'avère stratégique pour Israël qui entend ainsi protéger ses plateformes offshore de gaz, au large de ses côtes.
Cet accord met un terme à des mois de tergiversations et de crispations entre les deux pays. Début mai, excédée par la suspension des pourparlers de paix israélo-palestinien, l'Allemagne avait refusé d'accorder la remise de 30 % demandée par Israël. D'autant que Berlin s'était par ailleurs montré fort irrité par la poursuite des contructions dans les colonies cisjordiennes.
Le conseiller à la sécurité nationale de Merkel, Christoph Heusgen, avait donc signifié à son homologue israélien Yossi Cohen qu'aucune ristourne ne serait accordée dans ces conditions, rappelle "Haaretz". Des positions qui avaient accentué la tension déjà vive depuis cinq ans entre les deux pays, en raison des rapports difficiles entre la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Menace réelle du Hezbollah
Deux mois plus tard, des pourparlers secrets avaient repris, grâce, selon "Haaretz", à plusieurs éléments. D'abord le déplacement à Berlin, fin juin, du ministre des Finances israélien Yaïr Lapid. L'homme était parvenu à calmer le courroux des autorités allemandes en leur faisant part de l'intention de gouvernement israélien de réduire le transfert d'argent vers les colonies.
Peu après, l'Allemagne aurait également pris la mesure de l'importance stratégique de ces bateaux-missiles pour la sécurité d'Israël. Le conseiller israélien à la sécurité nationale, Yossi Cohen, au cours d'un long entretien avec son homologue allemand, lui a fait comprendre "la menace réelle que le Hezbollah faisait peser sur les plateformes offshore", note le journal israélien. Et, poursuit "Haaretz" en citant anonymement un membre de l'administration allemande, s'il est un sujet sensible aux yeux d'Angela Merkel, c'est bien la sécurité de l'État hébreu : "Même si elle est très critique [au sujet de la politique israélienne], quand il est question de la sécurité d'Israël, elle met tous les autres sujets de côté".
Enfin, l'intérêt économique de l'Allemagne a manifestement aussi motivé cette vente. Face au refus allemand de vendre à moindre coût, l'État hébreu avait examiné la possibilité d'acheter des bateaux similaires à la Corée du Sud. Une perte qui aurait représenté plusieurs centaines de millions d'euros pour l'Allemagne, où l'industrie navale emploie des milliers de salariés.