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Hong Kong : les manifestants réinvestissent un campement

Les manifestants pro-démocratie se sont réinstallés, samedi à l'aube, sur l'une des voies principales du quartier de Mong Kok, à Hong Kong, après des heurts avec la police. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés, le dialogue est au point mort.

Hong Kong a connu une nouvelle nuit de violences entre la police et les manifestants pro-démocratie qui sont parvenus, samedi 18 octobre, à réoccuper un site que les autorités avaient dégagé la veille.

Les affrontements ont débuté vendredi à 20 heures locales (12 heures GMT), quand les manifestants, qui ont déployé des parapluies et forcé le cordon de police, ont tenté de reprendre une voie principale du quartier très peuplé de Mong Kok, qu'ils avaient occupée pendant près de trois semaines.

Face à ce nouveau soulèvement, les policiers ont répliqué à l'aide de matraques et de gaz au poivre pour les repousser. "La police n'a plus le contrôle de la situation. Ils ont perdu la tête", a lancé un manifestant, Peter Yuen, les yeux protégés derrière des lunettes de natation. "Nous sommes venus ici pacifiquement, pour manifester pacifiquement pour notre avenir."

Les forces de l'ordre, qui avaient rendu la voie à la circulation 24 heures plus tôt, ont fini par reculer au lever du soleil, sous les vivats de la foule. Des protestataires se sont alors précipités pour remonter des barricades, tandis que des milliers d'autres - jusqu'à 9 000 manifestants étaient à Mong Kok vers 3 heures locales (vendredi 19 heures GMT) - s'asseyaient pour bloquer la voie.

La police a malgré tout annoncé l'arrestation de 26 personnes et a également signalé que 15 de ses agents avaient été blessés. Une photographe de l'agence Getty Images, Paula Bronstein, a été interpellée pendant la nuit avant d'être libérée sous caution.

Discussions au point mort

Cette nouvelle nuit de heurts risque de compromettre le retour au dialogue proposé par le gouvernement local aux étudiants, fer de lance de la contestation, pour mettre fin aux blocages qui ont démarré le 28 septembre.

"Nous avons fait savoir aux étudiants que nous aimerions entamer un dialogue sur le suffrage universel le plus rapidement possible, et si possible durant la semaine à venir", avait ainsi déclaré le chef de l’exécutif local, Leung Chun-ying, jeudi 16 octobre.

De son côté, la Fédération des étudiants de Hong Kong (HKFS) a exigé, dans un communiqué publié vendredi, peu avant le début des violences à Mong Kok, que les discussions commencent d'ici à mercredi, tout en soulignant que le démantèlement du campement de Mong Kok avait "détérioré les bases du dialogue".

Les étudiants ne se font toutefois guère d'illusions sur leurs chances d'obtenir satisfaction sur leurs principales revendications : la démission de Leung Chun-ying et l'instauration d'un véritable suffrage universel.

Si la Chine a accepté le principe du suffrage universel pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017, elle entend garder la haute main sur le processus électoral et conserver le contrôle des candidatures, à travers un comité avec droit de véto.

Pékin ne va pas changer d'avis, a prévenu "C.Y" (surnom, à Hong Kong, du chef du gouvernement local). "La politique, c'est l'art du possible et nous devons faire la part des choses entre ce qui est possible et ce qui est impossible", a-t-il affirmé.

Avec AFP