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Badminton : le n°1 français contraint de financer sa saison par crowdfunding

Brice Leverdez, numéro un français de badminton et 26e joueur mondial, a lancé une campagne de financement participatif pour payer sa saison, avec en ligne de mire les JO-2016 au Brésil. Une pratique désormais répandue.

Pour l’immense majorité des sportifs de haut niveau, la réalité financière des quelques disciplines les plus médiatisées de la planète n’est qu’un rêve inaccessible. Beaucoup sont ainsi contraints de recourir aux méthodes les plus inattendues pour boucler leurs budgets.

Cette réalité, c’est celle de Brice Leverdez, 28 ans, numéro un français et sextuple champion de France de badminton.

Le sociétaire de l’Union sportive de Créteil, 26e joueur mondial, a lancé en septembre dernier une campagne de financement participatif (crowdfunding). En jeu, ni plus ni moins que le bon déroulement de la saison à venir, qui pourrait lui permettre de décrocher un précieux ticket qualificatif pour les Jeux olympiques de Rio, en 2016.

Quelques précédents

Une initiative déjà tentée par d'autres sportifs par le passé. Cette même année, Kevin Rolland, Xavier Bertoni, Thomas Krief et Ben Valentin ont décidé de lancer une campagne de crowdfunding pour récolter 25 000 euros et boucler le budget de leur team Freeski Project pour la saison 2015. Une opération toujours en cours.

L'an passé, l'athlète Ladji Doucouré avait lui aussi sollicité les internautes pour financer sa préparation aux JO-2016 à Rio. Le champion du monde 2005 du 110 m haies avait réussi à récolter 13 960 euros en passant par la plateforme de financement participatif "Sponsorise.me".

Si Brice Leverdez convient que le procédé est inattendu, il avoue non sans amertume que cette option était devenue presque inévitable. Entretien.

FRANCE 24 : Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer une campagne de crowdfunding pour financer votre saison ?

Brice Leverdez : C’est le manque de réponse des partenaires privés qui m'a poussé à me tourner vers les personnes qui me supportent tous les jours et celles qui pourraient trouver un intérêt à me soutenir dans mon projet sportif. L’idée, c’était de faire passer le message que chaque soutien a un impact, même s’il s’agit d’un coup de pouce de cinq euros. C’est toujours plus sympa que de les dépenser dans un paquet de cigarettes, par exemple.

Cette campagne répond-elle à vos attentes jusqu’alors ?

La campagne a connu un bon départ mais n'a pas pris l'ampleur que j’espérais avant son lancement. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Sur ma page Facebook, j’ai 2 800 fans, mais le nombre de personnes qui m’ont soutenu depuis le lancement est tout juste supérieur à 100. Au début du projet, nous avons été plutôt bons en matière de communication, notamment grâce à l'aide de la Fédération (FFBAD), de mon club l'US Créteil et d’autres partenaires. Mais, malgré tout cela, l’engouement suscité n’a pas explosé. Nous sommes en milieu de campagne et la dynamique s’essouffle. Nous espérons finir en beauté lors des Internationaux de France, à Paris [du 21 au 26 octobre], puisqu’il s’agit d’une des plus importantes compétitions de badminton au monde.

Votre campagne a été beaucoup reprise dans les médias. Des sponsors plus traditionnels sont-ils venus taper à votre porte depuis ?

J’ai profité d’une belle exposition médiatique. Malheureusement, aucun partenaire privé n’a été inspiré depuis. Mais je ne désespère pas !

Cette problématique financière que vous évoquez est-elle propre à la France ou est-ce que l’ensemble des joueurs de badminton à travers le monde sont confrontés à ce type de soucis financiers aujourd’hui ?

La plupart des joueurs sont confrontés à cette réalité économique complexe qu'est le sport de haut-niveau. Chacun tente à sa manière de trouver des partenaires pour financer sa carrière. C’est un exercice compliqué.