logo

Ouverture du procès du réseau "Furax", pourvoyeur de cannabis en France

Plusieurs membres présumés de l'organisation "Furax" comparaissent devant les assises spéciales de Paris. Ils sont accusés d'avoir importé quelque 50 tonnes de cannabis marocain en France au début des années 2010.

Le procès de neuf personnes accusées d'appartenir au réseau "Furax", une organisation qui a importé plusieurs dizaines de tonnes de cannabis en France, s'est ouvert, lundi 13 octobre, devant les assises spéciales de Paris, en l'absence de l'un des deux chefs présumés.

Considéré par les enquêteurs comme l’un des inspirateurs du réseau, Bouchaib el-Kacimi avait pris la fuite, en juillet 2011, profitant d'une libération sous contrôle judiciaire, consécutive à un vice de procédure. Plusieurs éléments indiquent qu'il serait aujourd'hui au Maroc, d'où il est originaire.

C'est d'ailleurs du royaume chérifien qu'est parti "Furax", comme l'ont surnommé les gendarmes de la section de recherche d'Orléans, avant de transiter ensuite par l'Espagne, et d'inonder la France. Et ce, grâce aux fameux convois à grande vitesse de voitures puissantes, les "go-fast".

Au Maroc, celui qui veut s'en sortir, "fait soit dans la drogue, soit [sa] sœur se prostitue, soit [il] entre en religion", avait résumé Bouchaib el-Kacimi lors de son entretien avec une enquêtrice. Il lui avait également décrit la mansuétude avec laquelle, selon lui, les autorités marocaines laissaient se développer la culture du cannabis dans les campagnes pour permettre aux paysans de "survivre".

Vendeur de voitures de luxe au Maroc, Bouchaib el-Kacimi a identifié les producteurs de cannabis, ainsi que des relais en Espagne, puis s'est mis en relation avec Kamel Messaoudi, l'autre chef présumé du réseau. Âgé de 31 ans, de petite taille et assez frêle, ce dernier n'a eu qu'une seule occasion de s'exprimer lundi, après le rapport du président. Il ne l'a pas saisie, pas plus que les six autres accusés présents dans la salle. Un autre accusé est toujours en fuite.

Au cours de l'instruction, Kamel Messaoudi a reconnu avoir pris une part importante dans ce trafic mais s'est toujours présenté comme un exécutant, sans jamais donner d'éléments sur ses éventuels commanditaires.

Cinquante tonnes de cannabis acheminées en 14 mois

Pour les enquêteurs, les écoutes montrent que Kamel Messaoudi contrôlait la partie française de la structure, qui a permis d'acheminer, en 14 mois, 50 tonnes de cannabis puis de revendre la drogue à des grossistes. Au détail, une telle quantité peut représenter environ 300 millions d'euros, si on se réfère au prix de vente moyen en France estimé par l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT).

L'un des banquiers du réseau, chargé de collecter l'argent pour le paiement des producteurs marocains, a expliqué avoir parfois reçu jusqu'à 1 million d'euros en liquide sur une livraison.

"Le cannabis, ce n'est pas de l'héroïne, ce n'est pas de la cocaïne", a plaidé l'un des lieutenants présumés de Kamel Messaoudi, pour justifier le fait de s'être livré à ce trafic, lui qui n'avait aucun antécédent judiciaire et avait reçu une éducation solide.

"Pour vous, c'était un peu comme un trafic d'alcool ou de cigarettes ?", l'a interrogé l'avocat général, Philibert Demory. "Tout à fait", a répondu ce trentenaire, qui affirme aspirer aujourd'hui à "une vie posée, sans souci".

Avec AFP