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Le sud-est de la Turquie s’embrase face à la chute annoncée de Kobané

Au moins 14 personnes ont péri et des dizaines d'autres ont été blessées, mardi en Turquie, lors de violentes manifestations en soutien à Kobané, la ville kurde syrienne assiégée par les jihadistes de l’organisation de l'État islamique (EI).

Le sud-est de la Turquie, à prédominance kurde, s’est embrasé, dans la soirée du mardi 12 octobre, lors de violentes manifestations fustigeant le manque de soutien du gouvernement islamo-conservateur à la ville syrienne kurde de Kobané.

Au moins 14 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines d'autres blessées lors d'affrontements avec les forces antiémeutes, selon un bilan rapporté par des sources de sécurité et des médias turcs.

Des milliers de Kurdes de Turquie sont descendus dans les rues à l’appel du principal parti kurde du pays pour dénoncer le refus d’Ankara de voler au secours des miliciens kurdes syriens de Kobané, qui résistent depuis près de trois semaines aux jihadistes de l’organisation de l'État islamique (EI).

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires, qui ont incendié des véhicules et des pneus lors des manifestations. Des heurts ont également été signalés à Istanbul, la plus grande ville du pays, ainsi que dans la capitale Ankara.

Huit personnes ont péri à Diyarbakir, la plus grande ville kurde du sud-est de la Turquie, lors de violents heurts avec les forces de l’ordre, ont rapporté des médias turcs.

Deux personnes sont mortes dans la province de Siirt et une autre dans celle de Batman. Parallèlement, un jeune de 25 ans a trouvé la mort à Varto, dans la province de Mus dans l’est de la Turquie.

Kobané "sur le point de tomber" aux mains de l'EI

La police antiémeute est également intervenue avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les protestataires dans la capitale Ankara, dans la station balnéaire d'Antalya ou les villes de Mersin et d'Adana (Sud).

Un couvre-feu a été instauré dans cinq provinces à prédominance kurde du sud-est de la Turquie après les manifestations, durant lesquelles des commerces et des banques ont été saccagés.

Le ministre turc de l'Intérieur Efkan Ala a lancé mardi soir un appel au calme. "La violence n'est pas une solution [...] ce n'est pas acceptable", a-t-il déclaré devant la presse, avant de prévenir : "Ces réactions irrationnelles doivent cesser immédiatement [...] sinon elles auront des conséquences imprévisibles".

Ces manifestations pro-kurdes ont eu lieu quelques heures après une déclaration du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a annoncé Kobané était "sur le point de tomber" entre les mains des jihadistes.

>> À voir sur France 24 : "Les Kurdes de Turquie tentent de rallier Kobané, assiégée par l’EI"

Mardi, deux drapeaux noirs de l’EI flottaient toujours dans la périphérie tandis que des combats de rue étaient signalés dans le sud et l’ouest de la ville assiégée. Malgré le feu vert du Parlement turc à une opération militaire contre l'EI, Ankara s'est jusque-là refusé à intervenir.

Les Kurdes ont prévenu que la chute de Kobané provoquerait la fin des pourparlers de paix engagés il y a deux ans par Ankara et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour mettre un terme à un conflit qui a fait 40 000 morts depuis 1984.

Avec AFP