logo

Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que Kobané était "sur le point de tomber" entre les mains de l'EI, l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie a, de son côté, appelé à une action immédiate pour éviter "l'horreur".

La ville syrienne de Kobané est "sur le point de tomber" entre les mains des jihadistes, a déclaré, mardi 7 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a jugé nécessaire une opération militaire terrestre pour arrêter l'organisation de l'État islamique (EI).

"La terreur ne sera pas stoppée (...) tant que nous ne coopérerons pas en vue d'une opération terrestre", a déclaré le président Erdogan en s'adressant à des réfugiés syriens dans un camp de Gaziantep (sud). "Des mois ont passé et nous n'avons obtenu aucun résultat. Kobané est sur le point de tomber".

De son côté, Staffan de Mistura, l'envoyé spécial des Nations unies en Syrie, a appelé la communauté internationale à agir immédiatement pour défendre la ville assiégée. "Le monde, nous tous regretterons profondément que l'EI se trouve en mesure de prendre le contrôle d'une ville qui s'est défendue aussi courageusement mais qui est sur le point de tomber. Nous devons agir maintenant", a déclaré Staffan de Mistura dans un communiqué.

"La communauté internationale a le devoir de la défendre. La communauté internationale ne peut pas tolérer qu'une nouvelle ville tombe aux mains de l'EI" a-t-il souligné. Dans le cas contraire, "ce sera l'horreur", a-t-il prévenu.

Malgré la résistance des combattants kurdes syriens (YPG), l’EI resserre en effet inexorablement son étau sur Kobané (Aïn el-Arab en arabe). Les combats se sont étendus mardi à l’ouest et au sud de cette localité syrienne kurde, au lendemain de la prise de trois quartiers de l’Est par les jihadistes.

Les combattants de l’EI "se sont retirés de quelques rues dans les quartiers de l'Est qu'ils avaient saisis hier, mais les combats se sont étendus au Sud et à l'Ouest", a précisé le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Plusieurs bâtiments, dont un hôpital en construction, sont déjà tombés dans les mains des jihadistes.

"L'agenda turc c'est de se débarrasser du problème kurde, pas de l'EI"

Une journaliste de l’AFP près de la frontière syro-turque a fait état de frappes aériennes menées par la coalition, mardi matin, contre des positions tenues par l’organisation de l’EI dans les quartiers sud-ouest de Kobané.

Terrorisés par l'avancée des jihadistes connus pour leurs exactions - meurtres, viols, enlèvements - des centaines "de civils résidant dans les quartiers est ont fui vers la Turquie voisine", a-t-il précisé.

>> À lire sur France 24 : "Syrie : les Kurdes de Kobané peuvent-ils résister à l'assaut de l’EI ?"

Sur Twitter, les messages portant le mot-clé #SOSKobane se multipliaient, certains faisant état de l'avancée de Kurdes de Turquie vers la frontière syrienne pour venir en aide à la ville. Sur sa page Facebook, le militant kurde originaire de Kobané, Moustafa Ebdi, a précisé que l'EI avait "lancé l'assaut grâce à des kamikazes qui se sont fait exploser".

La Turquie reste passive

Face à la puissance de l’EI, les Kurdes ont mobilisé leurs combattants qui résistent tant bien que mal. "Les Kurdes sont les seuls qui arrivent à résister à l’organisation de l’EI. Sûrement parce que les combattants kurdes ont le même mode opératoire que les combattants de l’EI. Ils sont formés à la guérilla urbaine, aux combats de rue. Ils se battent en petits groupes, prennent des décisions sans en référer à leurs chefs", ajoute Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes. Mais combien de temps leurs Kalachnikov vont-elles tenir face aux chars de l’EI ?

À voir sur France 24 : "Les Kurdes de Turquie tentent de rallier Kobané, assiégée par l’EI"

Avec AFP