Au dernier jour d'audience devant la CPI pour déterminer s'il doit être poursuivi pour crimes contre l'humanité, Charles Blé Goudé, bras droit de l'ex-président Laurent Gbagbo, a assuré jeudi avoir tout fait pour "rapprocher les Ivoiriens".
Charles Blé Goudé, ancien responsable de la milice des "Jeunes Patriotes" en Côte d'Ivoire, a rejeté jeudi 2 octobre toutes les accusations portées contre lui devant la Cour pénale internationale (CPI). Il s’est présenté au contraire comme un militant de la paix.
L’ancien bras droit de l'ex-président Laurent Gbagbo risque d'être poursuivi pour crimes contre l'humanité lors des violences politiques qui ont fait 3 000 morts en Côte d'Ivoire fin 2010 et début 2011, à la suite de la défaite de Laurent Gbagbo à l'élection présidentielle face à Alassane Ouattara.
Lors de l'audience jeudi, Charles Blé Goudé a affirmé qu'il n'avait jamais prôné la violence et que les vidéos présentées par l'accusation ne prouvaient absolument rien.
"Qu'on me montre une seule vidéo où on me voit demander aux gens de tuer des musulmans ou des membres d'un groupe ethnique quelconque !", a-t-il dit pour sa défense.
Les parties à la procédure pourront faire des observations par écrit jusqu'au 10 octobre, après quoi les juges auront deux mois pour décider si Charles Blé Goudé doit faire l'objet d'un procès.
"Je ne chasse pas les gens de mes réunions"
L'accusé, arrêté au Ghana et transféré à La Haye l'an dernier, a affirmé qu'il avait toujours prôné la paix et la non-violence. Surnommé "le général de la rue" pour sa capacité à mobiliser les foules, Blé Goudé a pourtant souligné qu'il ne pouvait être tenu pour responsable du comportement des gens qui écoutaient ses discours. "Je suis quelqu'un de poli, je ne chasse pas les gens de mes réunions" a-t-il expliqué.
Mais pour l'accusation, Charles Blé Goudé aurait conspiré avec Laurent Gbagbo pour commettre des atrocités "sur une grande échelle". L'accusé s’en défend. Selon Charles Blé Goudé, la violence contre les pro-Ouattara était "légitime" et "une question de survie".
Quant à Laurent Gbagbo, il est détenu depuis novembre 2011 aux Pays-Bas et il attend son procès pour crimes contre l'humanité. Aucune date n'a encore été fixée pour le juger. L'ex-président, accusé d'avoir fait basculer le pays dans la guerre civile en refusant de concéder sa défaite à l'élection présidentielle de 2010, est poursuivi pour meurtre, viol, tentative de meurtre et persécution. Lui affirme avoir été évincé en faveur de son rival à la suite d'un complot mis sur pied par la France, ancienne puissance coloniale.
Son épouse Simone, réclamée par la CPI, est détenue en Côte d'Ivoire. Mais aucun membre du camp Ouattara n'a encore été inquiété par la cour internationale. Les partisans de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé dénoncent une utilisation de la CPI par l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara comme un instrument pour se débarrasser de ses ennemis politiques.
Avec Reuters et AFP
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