
Depuis la reconnaissance en Europe d’un droit à l’oubli sur Internet, Google a reçu plus de 140 000 requêtes. Pour y faire face, le groupe organise des tables rondes avec des experts. L’une d’entre elles se déroulait, jeudi, à Paris.
C’est un attelage hétéroclite de personnalités de premier plan qui s’est retrouvé à Paris, jeudi 25 septembre. Qu’ont, en effet, en commun une ancienne ministre de la Justice allemande, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, le vice-président de Google en charge des questions juridiques, David Drummond, ou encore l’ancien rapporteur spécial de l’ONU pour la promotion et la protection de la liberté d’expression, Frank La Rue ?
Ces personnalités, et d’autres, font partie du comité consultatif établi par Google pour réflechir à la meilleure manière d’appliquer la décision de mai 2014 de la justice européenne relative au "droit à l’oubli". En vertu de ce jugement, n’importe quel internaute européen peut demander à Google de désindexer, en Europe, des liens de son moteur de recherche pointant vers des contenus qui lui portent préjudice et ne seraient plus pertinents. Ce n’est donc pas un vrai droit à l’oubli, mais plutôt un droit au déréférencement : le lien disparaît de Google, principal outil pour retrouver les informations sur le Net, mais les pages en question continuent à exister.
Depuis cette décision, Google a reçu plus de 140 000 requêtes sur le Vieux continent et a accepté la moitié d’entre elles. Le géant américain s’est donc retrouvé du jour au lendemain juge de la pertinence de tel ou tel contenu. Un rôle que le groupe américain rechigne à embrasser. C’est pourquoi il s’est entouré d’une dizaine de personnalités pour réflechir à la mise en musique de la décision européenne.
Ce panel fait, actuellement, le tour d’Europe à la rencontre d’experts des nouvelles technologies pour rédiger à un rapport sur les questions posées par la décision de la Cour européenne de justice. C’est dans ce cadre qu’ils ont fait halte à Paris, après Rome et Madrid.
Le même jour, Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) a expliqué, dans un entretien au "Figaro", que cette mise en scène de Google des difficultés rencontrées pour appliquer la décision européenne était une manière de "discréditer le droit à l’oubli". Possible, mais reste que les questions soulevées par le géant de l’Internet ne sont pas anodines : elles démontrent que, derrière une belle idée, celle du droit à l’oubli, il y a des problèmes pratiques indéniables.