L'avocate franco-camerounaise, Lydienne Yen-Eyoum, a été condamnée vendredi à 25 ans de prison par le Tribunal spécial anticorruption de Yaoundé pour détournement de fonds. Son comité de soutien dénonce des conditions de détention "terrifiantes".
Le verdict est tombé. Accusée de détournement de fonds, l’avocate franco-camerounaise Lydienne Yen-Eyoum a été condamnée, vendredi 26 septembre, à Yaoundé, au Cameroun, à 25 ans de prison par le Tribunal criminel spécial (TCS) anticorruption.
Après près de cinq ans de détention provisoire à Kondengui, la prison centrale de Yaoundé, l’avocate a été déclarée coupable d'avoir détourné 1,077 milliard de francs CFA (1,5 million d'euros). Après lui avoir accordé des circonstances atténuantes, les juges l’ont aussi condamnée à payer solidairement avec deux autres personnes une amende de 1,153 milliard de francs CFA. Son avocat, Me Yondo Black, a déclaré qu'il allait se pourvoir en cassation, expliquant que "Me Yen-Eyoum n'a commis aucune infraction".
Son co-accusé, l'ancien ministre des Finances Polycarpe Abah Abah, a en revanche été déclaré non-coupable, mais il reste poursuivi dans plusieurs autres dossiers. Un huissier de justice a été également relaxé dans cette affaire.
Des conditions de détention "terrifiantes"
En mars, le comité de soutien français de l'avocate, présidé par Thierry Michel Atangana qui a lui-même été incarcéré pendant 17 ans au Cameroun, avait dénoncé ses conditions de détention : "Elle n'est vraiment coupable de rien, et même si elle était coupable de détournement de fonds cela ne justifierait pas son traitement, il y a là une disproportion monstrueuse."
"Les conditions de détention de Lydienne Yen-Eyoum sont terrifiantes", ajoute le comité qui raconte qu’elle partage une cellule de 12 m² avec quatorze autres détenues. Un autre de ses co-accusés, l’ancien ministre délégué aux Finances en charge du Budget, Henri Engoulou, est décédé en détention le 8 mai 2014.
Lydienne Yen-Eyoum a été arrêtée le 8 janvier 2010 dans le cadre d'une enquête sur une affaire de corruption. Elle et de nombreuses autres personnalités, dont des ex-ministres et dirigeants d'entreprises publiques, ont fait les frais d’une vaste opération, nommée "Épervier", lancée en 2006 sous la pression des bailleurs de fonds pour mettre fin aux détournements. En 2012, le président Paul Biya a créé un Tribunal criminel spécial anticorruption pour les juger. Mais les accusés ont souvent affirmé être victimes de règlements de comptes politiques.
Avec AFP