
Le gouvernement islamo-conservateur turc autorise désormais le port du voile dans les lycées et collèges, a confirmé, mardi, le ministre de l'Éducation. Une mesure défendue de longue date par Ankara, mais dénoncée par les partisans de la laïcité.
Après avoir levé l’an dernier l’interdiction de porter des vêtements religieux dans les universités, les administrations et l'Assemblée nationale, le gouvernement islamo-conservateur turc a autorisé le port du voile islamique dans les collèges et lycées. La mesure a été confirmée mardi 23 septembre par le ministre turc de l’Éducation, Nabi Avci. Ce dernier a précisé que l’autorisation du port du foulard ne s’appliquait pas à l’école primaire.
Une mesure dénoncée par les laïcs
La nouvelle règle, annoncée lundi soir, est considérée comme faisant partie d’une réforme plus vaste du système éducatif qui a pratiquement doublé de nombre d’écoles religieuses, les Imam Hatip, où les filles peuvent porter le hijab dès l'âge de 12 ans, après l'école primaire. En outre, selon le ministre de l'Éducation, "toute initiative en faveur des libertés est une bonne chose."
Ce changement était demandé depuis longtemps par ceux qui considèrent l’interdiction de se couvrir la tête comme une atteinte aux droits de l’Homme. En face, les opposants du président Recep Tayyip Erdogan l’accusent de vouloir mettre fin à l’État laïc voulu par les fondateurs de la République en 1923.
"Le voile n'a pas de place à l'école, dans les lycées", avait déclaré le chef de file des laïcs, Kemal Kiliçdaroglu, président du parti républicain du peuple (CHP). "La société (turque) est entraînée vers le Moyen-Âge par une exploitation de la religion", s'est indigné Kamuran Karaca, président du syndicat Egitim-Sen, estimant que cela allait provoquer "un traumatisme" dans un pays laïc, a rapporté le journal "Hürriyet".
"Qui ne veut pas ne le portera pas"
Selon des sondages, près des deux tiers des femmes turques se voilent en Turquie, pays musulman mais officiellement laïc. La grande majorité des épouses et des filles des dirigeants turcs le portent.
Mais le Premier ministre s’est voulu rassurant : "Qui veut porter le foulard peut le porter et qui ne veut pas ne le portera pas", a indiqué Ahmet Davutoglu, lors d'un entretien accordé lundi soir à la chaîne privée NTV. Le chef de gouvernement a nié toute volonté d'intervention du régime dans "le mode de vie" des Turcs.
Avec AFP et Reuters