Face à l'avancée de l'organisation de l'État islamique (EI) dans la région nord de la Syrie, de plus en plus de Kurdes syriens réfugiés au Kurdistan irakien sont tentés de rentrer chez eux et de prendre les armes pour défendre leur terre. Reportage.
Tous les soirs, une poignée de Kurdes syriens réfugiés à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, dans le nord de l'Irak, se retrouvent dans un salon de coiffure pour regarder les informations à la télévision et échanger sur les dernières nouvelles de leur terre natale. Originaires de la région de Kobani (Aïn al-Arab en arabe), dans le nord de la Syrie, ils constatent que nombre de leurs amis retournent chez eux pour prendre les armes.
"On se dit tous qu'un jour, on retournera à Kobani, affirme Mazloum Oussi, l'un d'entre eux. Si elle est prise, tout espoir sera détruit. Il vaut mille fois mieux mourir sur notre terre que de mourir à petit feu sur une terre étrangère".
À lire sur France 24 : "Plus de 100 000 Kurdes ont fui en Turquie l'avancée de l'EI"
Après avoir repoussé pendant deux ans l'organisation de l'État islamique (EI), les Kurdes syriens de Kobani sont, depuis le mois de septembre, encerclés par les jihadistes. Le siège imposé par l'EI a poussé un grand nombre de Syriens, principalement des Kurdes, à fuir, notamment vers l'Irak et la Turquie.
"On est prêts à y aller"
À Erbil, le sort des Kurdes de Kobani suscite également l'indignation de leurs frères irakiens. Beaucoup se disent prêts à intervenir. "C'est naturel d'aller combattre là-bas, estime Andam, un Kurde irakien. Je le ferais pour moi mais aussi pour mon père et mes oncles, combattants eux aussi". Déterminé, il estime que la communauté n'a pas besoin "d'ordres officiels". "Si on nous appelle, on est prêts à y aller", assure-t-il.
Si le commandant des forces spéciales kurdes irakiennes se dit également prêt à intervenir en Syrie, il précise qu'un accord entre Kurdes syriens et Kurdes irakiens, traditionnellement divisés, est indispensable. Autre obstacle quant à une éventuelle intervention des kurdes irakiens en Syrie : les frontières. C'est pourquoi l'Union patriotique du Kurdistan [parti du président Kurde irakien Jalal Talabani, NDLR] demande à la coalition internationale "de [leur] ouvrir les portes pour que nous puissions y aller afin de faire notre devoir", indique son vice-président, Ismail Rebwar.
À lire sur France 24 : "Face aux jihadistes de l'EI, "on ne comprend pas l'attitude d'Ankara"'
Cet appel a toutefois peu de chance d'aboutir. En effet, depuis l'offensive de l'EI, qui contrôle de larges zones à cheval sur l'Irak et la Syrie, la Turquie devient un des passages obligés pour entrer sur le sol syrien. Mais Ankara ne se risquera probablement pas à laisser transiter sur son territoire des milliers de combattants kurdes irakiens.