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Le Premier ministre écossais annonce sa démission au lendemain du référendum

Au lendemain de la défaite du "Oui" à l'indépendance de l'Écosse, Alex Salmond a annoncé vendredi qu'il démissionnait de son poste de Premier ministre et de la tête du Parti national écossais SNP qu'il dirige depuis plus de vingt ans.

Il aurait pu rentrer dans l’Histoire de l’Ecosse, mais les urnes en ont décidé autrement. Alex Salmond, leader du Scottish National Party (SNP) et surtout porte-étendard du mouvement indépendantiste, a annoncé vendredi 19 septembre sa démission du poste de Premier ministre écossais, à la suite de sa défaite au référendum.

"Le temps d’occuper une fonction dirigeante est presque révolu pour moi, mais la campagne pour l’Écosse continue et le rêve ne mourra jamais", a dit à la presse le chef du SNP. Il ne briguera pas un nouveau mandat à la tête du parti nationaliste lors du congrès prévu en novembre et démissionnera ensuite de son poste, a-t-il précisé.

"Le rêve", c’était de mener la nation écossaise à son indépendance, et l’homme de 59 ans a incarné la cause comme personne. "Il a été membre du Parlement écossais, a mené le SNP où il est aujourd’hui. Il y a peu de personnalités qui peuvent revendiquer le statut de ‘poids lourd’ de la politique écossaise, Salmond est assurément l’un d’eux. Et il est sans nul doute plus populaire que les représentants politiques de Westminster", expliquait avant le référendum le docteur Alan Convery, expert en politique écossaise à l’université d’Édimbourg.

"Suffisant, trop confiant"

Né le 31 décembre 1954 d’un couple de fonctionnaires, Salmond a redressé le SNP de manière exemplaire. Un vaste chantier : quand il a pris la tête du parti en 1990,  il ne comptait que trois représentants au Parlement écossais. Au fil des années, il en a fait la principale force politique du pays, donnant à la cause de l’indépendance une résonnance qui lui a permis de croire jusqu’au bout à une victoire du "Oui".

Premier ministre depuis 2007, il est l’une des figures les plus en vue du pays, mais aussi l’une des plus décriées, même dans les petites rues de sa ville natale de Linlithgow. "Je ne suis pas particulièrement fan du personnage, confiait John Smith, un professeur de 45 ans originaire de la même ville. Je le trouve suffisant, trop confiant…"

Si la rhétorique offensive et le tempérament combattif du leader du SNP lui ont indubitablement permis de capter l’intérêt de tous, il en paie également le prix. Ses détracteurs estiment qu’il est "arrogant" et "autoritaire". Une enquête menée par YouGov la semaine précédant le référendum avait dévoilé qu’à peine 38 % des personnes interrogées avaient une perception positive du Premier ministre, contre 58 % d’impressions négatives.

Penchants autoritaires supposés

Personnage clivant, Salmond est un habitué de la controverse. Récemment, il avait exprimé son admiration pour "certains aspects" de la politique du président russe Vladimir Poutine. Une sortie que beaucoup avaient interprétée comme un aveu de ses penchants autoritaires.

L’échec du "Oui" ne peut pas lui être pour autant imputé, de même que le débat sur l’indépendance ne pouvait se résumer à la personnalité de Salmond. "Le mouvement de l’indépendance est un mouvement très vaste qui réunit des soutiens de part et d’autre du spectre politique national, de la gauche à la droite en passant par les écologistes", rappelle Alan Convery.

En rejetant l’indépendance de leur pays avec plus de 55,3 % des voix, les Écossais n’ont donc pas voté "contre" Salmond mais pour  le maintien au sein du Royaume-Uni. Le leader du SNP en tire pourtant les conséquences. Mais il n’a pas tout perdu. Le Premier ministre britannique David Cameron, qui aurait lui-même été en difficulté en cas de victoire du "Oui", a déclaré que les pouvoirs octroyés à l'Écosse seraient renforcés d'ici janvier et que ce serait aussi le cas pour les trois autres composantes du Royaume-Uni.

Avec Sam Ball, envoyé spécial en Écosse