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Après le "non" de l’Écosse, la Catalogne prépare son propre référendum

Alors que l’Écosse s’est finalement prononcée contre son indépendance du Royaume-Uni, jeudi 18 septembre, la Catalogne a voté ce vendredi une loi autorisant une "consultation" sur son indépendance. Madrid la rejette fermement.

Tandis que l'Europe avait les yeux rivés sur l'Écosse, jeudi 18 septembre, les indépendantistes catalans se préparaient à franchir une nouvelle étape vers le référendum qu'ils souhaitent organiser le 9 novembre. En jeu, le maintien ou non de la Catalogne au sein de l'Espagne. Dans la journée de vendredi, le Parlement régional a voté une loi autorisant la consultation. La loi, approuvée par 106 députés contre 28, autorise le gouvernement régional à organiser des "consultations populaires", à caractère non contraignant.

Au lendemain du vote écossais, le président catalan Artur Mas, un conservateur allié aux indépendantistes du parti politique nationaliste ERC, a estimé que le rejet de l'indépendance en Écosse était un "revers" pour la Catalogne mais cela ne l'a pas arrêté. "J'organiserai cette consultation le 9 novembre ainsi qu'en a convenu il y a quelques mois de cela la majorité des forces politiques catalanes", a-t-il déclaré. 

Discussions compliquées avec Madrid

Si la tenue du référendum écossais a été avalisée par le Royaume-Uni, le dialogue entre la Catalogne et l’Espagne est beaucoup plus complexe. Dans la foulée du vote du Parlement régional, la réponse du gouvernement espagnol ne devrait d’ailleurs pas se faire attendre. Madrid, fermement opposé à la consultation, devrait réagir par le biais d'un recours devant le Tribunal constitutionnel.

Vendredi, Artur Mas a insisté sur le fait que le chemin emprunté par l’Écosse était "le seul chemin pour résoudre les conflits". Il s’est directement adressé aux autorités à Madrid, rappelant que le scrutin écossais avait été une "grande leçon de démocratie donnée à l’ensemble de la planète", insistant sur le fait que "ce qui alimente les divisions, c’est el fait de ne pas pouvoir voter".

L’indépendantisme alimenté par la crise économique

Depuis quatre ans, les consultations locales se sont multipliées en Catalogne, où les aspirations à l'indépendance n'ont cessé de croître depuis 2010. À cette époque, la justice espagnole avait privé la province d'une partie de son statut d'autonomie élargie, pourtant voté par référendum en 2006.

Dans cette région prospère du nord-est de l'Espagne, où l’identité culturelle est particulièrement prégnante, le ressentiment envers Madrid a grandi aussi durant les années de crise économique. La Catalogne, contrainte comme le reste du pays à de lourds sacrifices sociaux, a régulièrement accusé le gouvernement central de répartir inégalement les richesses.

Le "non" de l’Écosse vu comme un frein

En dépit de la poussée indépendantiste, le gouvernement conservateur dirigé par Mariano Rajoy est resté de marbre. À l'inverse du gouvernement britannique face à l'Écosse, il s'est toujours dit déterminé à empêcher, par la voie judiciaire, le référendum promis pour le 9 novembre par Artur Mas.

Mais après avoir promis qu'il n'agirait que dans la légalité, Artur Mas pourrait très bientôt se retrouver dans une impasse, le Tribunal constitutionnel se préparant à déclarer son projet contraire à la Constitution espagnole, qui interdit à une région de décider seule de son avenir.

Alors qu'un "oui" de l'Écosse aurait pu, selon lui, enclencher un processus favorable à l'indépendance d'autres régions au sein de l'Union européenne, le "non" a porté un coup sévère à son projet.

Avec AFP et Reuters