
Microsoft a annoncé, lundi, l'acquisition de l'entreprise suèdoise Mojang, pour 2,5 milliards de dollars. Pour ce montant, le géant américain s'offre surtout Minecraft, le très populaire jeu de création de mondes. Retour sur un phénomène.
L’accord était attendu, mais demeure surprenant. Le géant américain Microsoft a confirmé, lundi 15 septembre, le rachat de la petite société indépendante de jeux vidéo suédoise Mojang pour 2,5 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros).
La somme peut paraître démesurée pour une entreprise dont personne ou presque n’a entendu parler. Mais ce n’est pas tant Mojang et ses 40 employés que Microsoft a voulu ramener dans son giron que son unique et très populaire jeu vidéo Minecraft.
Tous les géants de la Silicon Valley semblent, actuellement, vouloir avaler du jeu vidéo. Facebook a racheté les créateurs du casque de réalité virtuelle Oculus Rift, et Amazon a acquis le site de retransmission de parties de jeu vidéo Twitch. Microsoft suit donc le mouvement.
Plus de 50 millions de Minecraft vendus
Et Minecraft, sorte de clone pixélisé du Lego, peut apparaître comme une cible alléchante pour un mastodonte historique des nouvelles technologies cherchant à rajeunir son public. Depuis la sortie de ce jeu en 2011, Minecraft s’est vendu à 54 millions d’exemplaires sur PC. Il est devenu, en 2014, le jeu le plus populaire sur ordinateur devant la machine à cash d’Activision-Blizzard, "World of Warcraft". Il a ensuite été adapté aux consoles de jeux Playstation et Xbox, ainsi qu'aux smartphones, sur lesquels il est l’un des titres les plus téléchargés.
La nouvelle pépite de Microsoft est aussi une entreprise pour le moins lucrative. Minecraft a généré plus de 100 millions d’euros de bénéfices en 2013. Pas mal pour un jeu qui, à l’origine, est l’œuvre d’un seul homme, Markus Persson. Il avait développé Minecraft sur son temps libre alors qu'il travaillait à King.com, la société responsable du très populaire jeu sur smartphone Candy Crush.
A priori, pourtant, Minecraft n’a aucun des ingrédients modernes des jeux à succès. Il est à des années lumières des prouesses graphiques des grosses productions telles que le jeu de tir "Destiny". Il n’y a pas, à proprement parler, de but ou d’histoire dans Minecraft. Les joueurs sont, en fait, lâchés dans la nature pixélisée avec, pour seules armes, leur créativité et des blocs permettant de construire tout et n’importe quoi.
"L’un des phénomènes les plus importants du jeu vidéo"
Ce sentiment de liberté absolue, ou presque, est l’une des clefs du succès de Minecraft. C’est autour des créations des uns et des autres que s’est formée l’une des communautés les plus actives du monde du jeu vidéo. Récemment, les autorités danoises ont ainsi reproduit leur pays à l’identique dans l’univers de Minecraft. D’autres ont jeté leur dévolu sur une reproduction du château de Versailles, de l’univers de la série "Game of Thrones" et, de peu ou prou, tous les monuments remarquables du monde.
"Minecraft n’est pas qu’une licence de jeu vidéo, c’est avant tout une communauté dynamique de fans", a souligné Satya Nadella, directeur général de Miscosoft, lors de l’annonce de l’acquisition de Mojang. Grâce à cette armée d’aficionados, la petite entreprise Minecraft "est devenue l’un des phénomènes les plus importants du jeu vidéo", assure sur la BBC James McQuivey, un analyste du cabinet d’études Forrester.
Reste que Microsoft va devoir rassurer cette communauté farouchement indépendante. Car au delà du jeu, il y a aussi un état d’esprit particulier à Minecraft qui doit beaucoup à la personnalité atypique de son créateur, Markus Persson. Ce développeur devenu chef d’entreprise est réputé pour des prises positions contre les grandes multinationales et son indépendance d’esprit. Ce membre du Parti pirate suédois a critiqué à peu près tous les grands acteurs du jeu vidéo d’Electronic Arts à... Microsoft. Markus Persson a, d’ailleurs, annoncé, lundi 15 septembre, qu’il profitait de ce rachat pour quitter Mojang et se consacrer à d’autres projets.