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Le Premier ministre britannique David Cameron a dénoncé dimanche un meurtre "épouvantable", après la décapitation de l'Écossais David Haines par l'organisation de l'État islamique. L'ONG française où il travaillait parle de "crime barbare".

"Cruauté", "crime barbare", "odieux assassinat". L'annonce filmée de la décapitation de l’Écossais David Haines par les jihadistes de l’organisation de l’État islamique a suscité une vague d’indignation mondiale, dimanche 14 septembre.

Le Premier ministre britannique David Cameron a condamné un meurtre "abject et épouvantable, un acte de pure cruauté", depuis sa résidence du 10, Downing Street à Londres. "Ce ne sont pas des musulmans mais des monstres", a asséné le chef du gouvernement. "Pas à pas, nous devons repousser, démanteler et finalement détruire l'État Islamique et ce qu'il représente", a-t-il martelé. Le ministère des Affaires étrangères a, de son côté, confirmé que la vidéo de la décapitation du travailleur humanitaire de 44 ans, enlevé en Syrie en mars 2013, était bien "authentique".

Acted, l’ONG française pour laquelle travaillait David Haines, s’est dite "scandalisée et horrifiée" par son assassinat, un "crime barbare" qui, ajoute l'organisation, "va à l'encontre de tous les principes humanitaires". Acted a annoncé dans la soirée de dimanche un dépôt de plainte pour assassinat. David Haines était engagé dans l’humanitaire depuis 1999 et avait été enlevé en Syrie en mars 2013.

Pas de troupes au sol, dit Cameron

David Cameron a convoqué une réunion de crise de son gouvernement pour déterminer la réponse à opposer à ce groupe jihadiste. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour traquer ces assassins et nous assurer qu'ils seront traduits en justice, quel que soit le temps que cela prendra", a-t-il promis.

La réaction de Londres est d'autant plus vive que dans la vidéo, un jihadiste menace d'exécuter un autre otage britannique, Alan Henning. Selon les experts, il s’agit sans doute du même homme, à l’accent anglais, qui a tué les journalistes américains James Foley et Steven Sotloff.

Pour l'heure, l'action du Royaume-Uni se limite à des livraisons d'aide humanitaire et d'armes aux autorités irakiennes. Mais Cameron, pressé par des membres de son Parti conservateur de s'associer aux frappes aériennes américaines déclenchées début août, n'exclut rien, sinon l'envoi de troupes de combat au sol : "Les États-Unis mènent une action militaire directe. Nous les soutenons. Des (avions) Tornados britanniques et des appareils de reconnaissance ont apporté leur concours. Mais il n'est pas question de déployer des forces combattantes au sol", a réaffirmé le Premier ministre.

Pour Thomas Pierret, maître de conférences à l’université d’Édimbourg, spécialiste de la Syrie, il s’agit peut-être d’une mauvaise décision. "Il y a évidemment une certaine sagesse à ne pas vouloir envoyer de troupes au sol. De là à se priver complètement, par exemple, de l’utilisation de troupes spéciales ou de contingents limités, c’est peut-être une erreur sur le plan stratégique", a-t-il estimé sur France 24.

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Mobilisation internationale

À Washington, Barack Obama a lui aussi condamné ce meurtre "barbare". "Les États-Unis se tiennent ce soir aux côtés de notre proche ami et allié dans le deuil et la détermination", a déclaré le président américain dans un communiqué. Visant l'organisation de l'État islamique, les États-Unis ont repris des frappes aériennes en Irak début août pour la première fois depuis le retrait des troupes combattantes américaines à la fin 2011.

"L’EI a de grandes raisons d’avoir peur si on a une opération militaire de grande ampleur, planifiée à long terme, à laquelle sera consacrée les moyens nécessaires, juge Thomas Pierret. Mais les dirigeants de l’EI savent aussi qu’il y a un problème de détermination dans le leadership américain après le fiasco de la guerre en Irak. Ils espèrent jouer là-dessus pour échapper à une opération de très grande ampleur."

De son côté, la France, qui organise lundi à Paris une conférence internationale pour la paix et la sécurité en Irak, a dénoncé un "odieux assassinat" qui, ajoute la présidence de la République dans un communiqué, "montre une nouvelle fois combien la communauté internationale doit se mobiliser contre Daesh (l'acronyme arabe de l'EI, NDLR), organisation de la lâcheté et de l'abjection".

Avec AFP et Reuters