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Une panne d’électricité géante paralyse Le Caire

La capitale égyptienne est victime d’une gigantesque panne d’électricité depuis jeudi matin. Les coupures de courant sont régulières depuis le soulèvement de janvier 2011, mais elles n’avaient jamais atteint une telle ampleur.

Une grande partie du Caire, la capitale égyptienne où vivent plus de 20 millions d’Égyptiens, s'est retrouvée sans électricité jeudi 4 septembre au matin, en raison d'un "problème technique", a indiqué le ministère de l’Énergie.

Cette panne d’électricité géante, qui a commencé vers 7h, heure locale, a brièvement paralysé le métro du Caire en pleine heure de pointe, a indiqué le ministère de l'Énergie.

Les coupures ont également touché la périphérie de la capitale et plusieurs régions du pays. Des chaînes de télévision, dont El Hayat, CBC et ONTV, victimes de la panne, ont dû interrompre leurs programmes.

Dans certaines zones du pays, la panne d’électricité a aussi entraîné des coupures d’eau, les pompes qui distribuent l’eau dans les immeubles fonctionnant souvent au courant électrique.

Dans l’après-midi, le ministre de l’Électricité, Ahmed Shaker, s’est excusé pour la panne géante, affirmant tenter de résoudre le problème avant la fin de la journée. "Je promets que nous allons faire de notre mieux et, si Dieu le veut, il n’y aura plus jamais une telle coupure de courant", a-t-il affirmé, précisant qu'il n'y avait aucun signe d'un acte intentionnel.

Les délestages d'électricité sont devenus quotidiens en Égypte, dont l'économie est défaillante depuis trois ans : il peut y avoir jusqu'à huit coupures par jour dans certains quartiers du Caire et la situation s’est encore aggravée l’été dernier. La production d’électricité n'est pas suffisante pour satisfaire les besoins des 90 millions d'Égyptiens, alors que la chaleur estivale dépasse souvent les 40 degrés Celsius. Mais jamais une coupure n'avait atteint une telle ampleur.

Problèmes d'approvisionnement en gaz

Le 20 août dernier, le Premier ministre Ibrahim Mahlab avait annoncé que le problème des coupures de courant serait réglé très prochainement, assurant que l’Égypte pouvait augmenter sa production d’électricité en permettant aux investisseurs privés de se lancer dans la production électrique.

Mais les coupures d’électricité que subissent les Égyptiens depuis trois ans ne devraient pas disparaître en quelques jours. Elles sont en effet directement liées au ralentissement de l’économie et à l’une de ses conséquences : l’épuisement des réserves de devises de l’État égyptien.

Les centrales thermiques qui produisent l’électricité du pays sont en effet alimentées au gaz et l’Égypte peine, depuis quelques années, a en produire en quantité suffisante pour alimenter ses centrales, en plus de ses exportations vers la Jordanie et Israël. Mais le pays ne peut pas non plus acheter du gaz étranger, du fait de ce manque de devises. Le réseau électrique, déjà relativement vétuste, fonctionne donc en flux tendu, ce qui conduit à sa saturation et aux coupures de courant de plus en plus fréquentes.

Pour tenter de réduire la consommation de gaz, les autorités égyptiennes ont par ailleurs autorisé en avril dernier plusieurs industries, dont les cimenteries, à utiliser du charbon à la place du gaz pour alimenter leurs usines. Une mesure qui ne peut avoir que de effets marginaux sur la consommation de gaz, et qui provoque l’indignation des écologistes égyptiens, l’utilisation industrielle du charbon étant beaucoup plus polluante que le gaz.

Depuis la chute d’Hosni Moubarak en février 2011, les coupures de courant, très rares jusque-là, ont régulièrement alimenté la colère populaire contre les dirigeants du pays. En juin 2013, la pénurie d’essence et les coupures d’électricité faisaient partie des principaux griefs des Égyptiens contre le président islamiste Mohamed Morsi.