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Mistral : le non-respect du contrat, "un casse-tête pour les Français"

Malgré la suspension de la livraison d'un porte-hélicoptères Mistral à la Russie, le ministre russe de l'Industrie Denis Mantourov a dit jeudi "supposer" que la France honorerait le contrat.

Au lendemain de la décision de l'Élysée de suspendre la livraison du premier des deux porte-hélicoptères Mistral à la Russie, le ministre de l’Industrie, Denis Mantourov s'est dit convaincu que la France honorerait le contrat. "La Russie suppose que le contrat sera rempli conformément aux accords", a-t-il dit selon l’agence de presse russe Interfax.

"Où est passée l'époque où la France ne cédait pas à la pression des États-Unis, sur l'Irak par exemple ?", a écrit la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, sur sa page Facebook. "La réputation de la France en tant que partenaire fiable qui respecte ses obligations contractuelles a été sacrifiée sur l'autel des ambitions politiques américaines", a-t-elle ajouté.

Moscou a cependant cherché à minimiser l'impact de cette décision. "Si le contrat est rompu unilatéralement, l'argent devra être rendu à la Russie et des amendes et pénalités devront être payées", a déclaré Oleg Botchkariov, vice-président de la commission militaro-industrielle du gouvernement, cité par Interfax.

Paris aurait du mal à trouver un autre acheteur car le Mistral a été construit en fonction des demandes russes et avec un équipement russe, a-t-il ajouté. "Si le contrat est rompu, ce sera plus un casse-tête pour les Français que pour nous".

L’opposition dénonce le recul de Hollande sur le Mistral

En France, l’opposition UMP et le Front national critiquent le recul de l’exécutif sur la livraison du Mistral. Tous craignent que les clients de la France en matière d’armement se sentent à l’avenir à la merci d’une décision politique unilatérale du gouvernement.

L’opposition, qui soutenait jusque-là la détermination de l’Élysée face aux pressions des alliés de la France, estime, à l’instar du député UMP Pierre Lellouche, que ce revirement risque d’être "perdant-perdant de tous les côtés". "Cette décision est désolante parce qu’elle souligne l’absence totale de cap côté français sur l’affaire ukrainienne", a-t-il dit sur i>Télé. "Soit on utilisait le Mistral comme levier, alors dans ce cas-là il fallait le faire il y a des mois, mais se coucher à la veille du sommet de l’Otan, ça ne rapporte rien, les alliés vont nous mépriser, les Russes aussi", a-t-il ajouté.

"Prendre le problème de cette façon nous renvoie à des difficultés considérables parce que ça veut dire que nous ne tenons pas parole, ça veut dire que les futurs clients de la France en matière d’armement n’auront pas confiance", a renchéri le député UMP Henri Guaino. "Je ne suis pas sûr que la stratégie de la tension croissante avec la Russie soit la meilleure stratégie possible", a-t-il ajouté sur France Inter.

Un autre député UMP, Philippe Meunier, dénonce "l’alignement" du chef de l’État sur les positions de l’Otan. "Le Président de la République doit se ressaisir en redonnant à notre diplomatie son rang à l’image de Jacques Chirac refusant la guerre en Irak", écrit-il dans un communiqué.

Marine Le Pen a jugé la décision de l’exécutif "très grave, parce qu’elle révèle notre soumission à la diplomatie américaine" et "va à l’encontre des intérêts du pays". La présidente du Front national a ainsi déploré "un coût faramineux" pour l’emploi et pour les contribuables, rappelant que la France devra dédommager Moscou en cas de non livraison.

Du côté des chantiers navals de Saint-Nazaire, les syndicalistes redoutent un arrêt de la construction du second porte-hélicoptère commandé par la Russie et qui devait être livré en 2015. "Il faut absolument construire le deuxième BPC, c’est un impératif", a dit à Reuters Nathalie Durand-Prinborgne, secrétaire de la section FO des ex-chantiers de l’Atlantique.

Avec AFP et Reuters