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Steven Sotloff, un passionné du monde arabe tombé entre les griffes de l'EI

Steven Sotloff, le journaliste américain de 31 ans enlevé en Syrie durant l'été 2013, a été décapité par les jihadistes de l'organisation de l’État islamique. Retour sur le parcours d'un homme passionné par le monde arabe.

Deux semaines jour pour jour après James Foley, Steven Sotloff est le deuxième journaliste américain à avoir été décapité par les jihadistes ultra-radicaux de l'organisation de l’État islamique (EI), qui opèrent en Irak et en Syrie.

Une vidéo intitulée "Deuxième message à l’Amérique", en cours d’authentification par Washington, met en scène le brutal assassinat de cet otage âgé de 31 ans, enlevé en Syrie en 2013. Une mort tragique pour cet arabophone, passionné par le Moyen-Orient et qui couvrait depuis plusieurs années le monde musulman.

Natif de Miami, en Floride, diplômé en journalisme de l'Université de Central Florida, Steven Sotloff a notamment travaillé pour le magazine "Time", l'hebdomadaire américain "Christian Science Monitor", la prestigieuse publication "Foreign Policy" et plus récemment pour le journal World Affairs.

Dans un message adressé au "calife" autoproclamé de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, la mère de Steven Sotloff, Shirley, l'avait imploré d'épargner son fils, qui s'était notamment rendu au Proche-Orient "pour couvrir les souffrances des musulmans aux mains de tyrans". Sur les réseaux sociaux, le journaliste postait des images de civils prisonniers de conflits qui les dépassent, comme en Libye ou en Syrie.

"Drôle et irrévérencieux"

Sur son compte Twitter, il évoquait le conflit en Syrie, le printemps arabe en Égypte, le régime libyen, mais s'épanchait aussi sur son équipe péréfée de basket, le Miami Heat. "Est-ce que c'est mal de vouloir se concentrer sur la Syrie mais de ne penser qu'à la reprise des finales du Heat ?", demande-t-il en juin, dans l'un de ses derniers messages.

Son plus récent employeur, World Affairs, l'a décrit sur la chaîne ABC comme "un journaliste réfléchi, honnête, qui s'attache à comprendre les choses avec une perspective locale et à rapporter ses conclusions avec franchise. Il est sans aucun doute courageux". "Sotloff est jeune, drôle et irrévérencieux", rapporte Janine di Giovanni, éditrice du Moyen-Orient à Newsweek, qui avait travaillé avec lui en Syrie.

Selon Ben Taub, un journaliste cité par l’AFP qui l'avait rencontré en Turquie, à la frontière avec la Syrie, peu avant son enlèvement, le nom du passeur de Steven Sotloff est arrivé aux oreilles des jihadistes par la faute d'un photographe canadien imprudent, qui cherchait lui-même à se rendre en Syrie mais y avait renoncé à la dernière minute.

"Sotloff m'a dit qu'il en avait assez d'être passé à tabac, qu'on lui tire dessus et qu'on l'accuse d'être un espion (...), rapporte Ben Taub. Il m'a dit qu'il voulait arrêter pour un temps ses reportages, au moins sur les conflits au Moyen-Orient et peut-être reprendre des études en Floride". Et de conclure : "Mais d'abord il voulait faire un dernier trajet en Syrie".

Avec AFP

France 24 a décidé de ne pas diffuser sur ses antennes ni publier en ligne la vidéo de cet assassinat – ni même des captures d’écran.