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, envoyée spéciale à La Rochelle – Pour le dernier jour de l'université d'été du PS à La Rochelle, Manuel Valls avait la lourde tâche, dimanche, de recoller les morceaux avec des socialistes divisés, frondeurs, perdus. Entres huées et applaudissements, la salle était divisée.

D'un côté, les loyalistes . De l'autre les anti-Manuel Valls , bien décidés à se faire entendre. À La Rochelle, l'ambiance était électrique , dimanche 31 août , pour la clôture de l’université d'été du Parti socialiste (PS). Après une semaine tumultueuse et trois jours de débats marqués par la montée en puissance des frondeurs avec leur mouvement "Vive La Gauche", le Premier ministre était particulièrement attendu au tournant par les militants et sympathisants socialistes. 

Avant lui, le député David Assouline, organisateur de l'université d'été, Laura Slimani, présidente des jeunes socialistes et Jean-Chr i stophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, se sont succédé sur scène, pour prendre la température d’une salle déjà survoltée. Il faut attendre midi et la fin de l'interminable allocution du nouveau patron de la rue de Solferino pour voir arriver Manuel Valls à la tribune. Applaudi mais également hué par une partie des militants, le Premier ministre peine à prendre la parole. Ses premiers mots , relatifs à un grave accident survenu tôt dans la matinée en Seine-Saint-Denis , sont littéralement engloutis sous d'intenses "Vive La Gauche", le slogan des frondeurs en désaccord avec la politique menée par l'exécutif.

"La République n'a pas su tenir ses promesses"
Tentant tout de même de s'imposer et confiant "son émotion" de s'adresser à sa famille politique pour la première fois en tant que Premier ministre, Manuel Valls plaide immédiatement pour une gauche unie. "Ce qui fait une famille, c'est sa capacité à se rassembler. Ce qui nous unit doit être plus fort que nos différences. C'est aussi sa capacité à se retrouver, pour se parler et envisager ensemble l'avenir, le réinventer." Le ton est donné.
Pendant plus d'une heure, Manuel Valls passe en revue de nombreux thèmes. L'économie d'abord, avec la nécessité - sans toucher aux sacro - saintes 35 heures - de "remettre nos entreprises en mouvement", de réduire les déficits et de relancer la croissance à travers l'Europe. Puis , l'identité de la France. Soulignant "la montée très préoccupante" de l'intolérance, du racisme, des actes antisémites, anti - musulmans, anti-chrétiens et homophobes, l'ancien maire d'Évry s'est lancé dans une tirade sur la menace de la radicalisation. "Je suis fier d'être Français. J e sais ce que je dois à mon pays et je me bats chaque jour pour lui rendre ce qu'il m'a donné", a-t-il également lancé, rappelant les mots qu'il avait employés lors de sa nomination à la tête du gouvernement.
"Si certains tournent le dos à la République, c'est aussi parce que la République n'a pas su et ne sait plus, tenir toutes ses promesses", reconnaît-il, appelant à la tolérance et à la préservation de la laïcité, "notre bien commun". Le public applaudit généreusement, à l'unisson cette fois-ci.

"Dans le pays de 1789 et des valeurs universelles, l'Islam peut s'épanouir pleinement", Manuel Valls #UEPS

— Anne-Diandra Louarn (@diandralouarn) 31 Août 2014
Le moment est alors idéal pour réaffirmer les grands principes socialistes et tenter d'embarquer les récalcitrants de son côté. Inégalités, injustices... Manuel valls joue sur la corde sensible des militants. "La gauche s'est toujours placée aux côtés des plus faibles, des exclus, des moins bien lotis, pour les défendre", clame-t-il. L'emploi, l'industrie, la culture et l'école ont également droit à leur plaidoyer, toujours au nom des valeurs socialistes. À l'évocation de la très populaire Najat Vallaud-Belkacem, fraîchement nommée ministre de l'Éducation nationale et première femme à occuper ce poste, la salle exulte.
"En avant !  Debout !"
Manuel Valls lâche alors un "j'aime les socialistes", ponctué par quelques "ouf" de soulagement dans le public. Un écho direct à son très critique "j'aime l'entreprise", quatre jours plus tôt lors de son discours face aux patrons du Medef. "Il n'y a pas d'un côté la gauche qui gouverne et de l'autre la gauche", ajoute-t-il avant de réaffirmer qu'il n'y a "ni virage, ni tournant. Il y a une ligne : celle de la vérité, de la réforme et de l'efficacité".
Et de conclure en nage mais sous des applaudissements nourris : "En avant ! Debout ! Relevons la tête ! Soyons fiers de nous ! Je sais que les Français ont envie de croire que l'espoir d'un lendemain meilleur existe toujours. Et c'est à nous, ensemble, de le porter !" En quittant la salle, beaucoup semblent conquis. Chez les frondeurs, la prudence reste toutefois de mise. "Si seulement on pouvait gouverner avec des discours, on irait loin. Au boulot Monsieur Valls et rendez-vous l'année prochaine", glisse l'un d'entre eux.

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Live Blog Le discours de Manuel Valls à La Rochelle