
À la suite de la publication d'un rapport américain plaçant Téhéran et La Havane sur la "liste noire" des États terroristes, les deux capitales rejettent en bloc les accusations de Washington, qualifiant sa propre politique de "raciste".
AFP - Les chefs de la diplomatie iranienne et cubaine ont fait front commun jeudi à La Havane pour dénoncer un rapport de Washington accusant leur pays de soutenir le terrorisme et mettre en cause la propre politique américaine jugée "raciste" ou terroriste".
"Pour son soutien au régime sioniste, au racisme et à l'occupation" et "pour tout ce qui a été fait dans la prison de Guantanamo (sud-est de Cuba), les Etats-Unis n'ont aucune compétence" pour accuser d'autres pays, a déclaré Manouchehr Mottaki, ministre iranien des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse organisée à la clôture d'une réunion du Mouvement des pays non alignés.
"La politique de deux poids deux mesures des Etats-Unis (...) est connue dans le monde entier et il n'y a rien de nouveau" dans ce rapport, a-t-il ajouté.
Le département d'Etat américain a publié jeudi son rapport annuel sur le terrorisme, y plaçant l'Iran, accusé d'être l'Etat terroriste "le plus actif", mais aussi la Syrie, Cuba et le Soudan dans sa liste noire des pays soutenant le terrorisme.
Le département d'Etat accuse notamment Téhéran de soutenir le mouvement radical palestinien Hamas, le Hezbollah libanais, des extrémistes basés en Irak et des talibans en Afghanistan.
Cuba reste sur cette "liste noire" car le régime Castro continue d'accorder l'asile à des militants de groupes considérés comme terroristes, selon Washington qui ne rapporte cependant aucun signe de financement par La Havane d'activités terroristes ou de blanchiment d'argent à des fins terroristes.
"Nous ne reconnaissons aucune autorité politique ni morale au gouvernement des Etats-Unis pour dresser une telle liste, peu importe le sujet, ou pour déterminer les bonnes ou mauvaises conduites", a pour sa part déclaré à la presse le ministre cubain des Relations extérieures, Bruno Rodriguez.
"Mais je pense que personne ne fait grand cas ni ne lit ces documents parce qu'on sait que leur auteur est un délinquant international", a-t-il dit alors que Cuba, sous embargo américain depuis 47 ans, réclamait son retrait de cette "liste noire".
"Le gouvernement des Etat-Unis approuve le terrorisme d'Etat d'Israël contre le peuple palestinien et arabe", a accusé le ministre cubain en qualifiant par ailleurs de "camp de tortures" la prison américaine de Guantanamo.
"Ce rapport montre clairement la contradiction existant aujourd'hui au sein de l'administration américaine. Un discours peut tendre une main amicale et promettre des changements, mais la vérité est qu'il y a une machine impériale qui veut nous dicter notre ligne de conduite", a estimé le chef de la diplomatie vénézuélienne Nicolas Maduro dont le gouvernement allié de Cuba fait l'objet de critiques dans le rapport américain.
Le président américain Barack Obama avait promis une "nouvelle ère" dans les relations avec l'Amérique latine et notamment avec l'île communiste cubaine et le Venezuela, bêtes noires des Etats-Unis dans la région, lors de son premier sommet des Amériques, qui s'était déroulé à la mi-avril à Trinité-et-Tobago.
M. Maduro se trouvait aussi à la Havane dans le cadre d'une réunion du Mouvement des 118 pays non alignés que préside Cuba depuis septembre 2006. Quelque 110 délégations d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine étaient présentes parmi lesquelles une soixantaine de ministres.