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Université d'été du PS : militants désorientés recherchent parti unifié

envoyée spéciale à La Rochelle – Réunis à La Rochelle pour leur université d'été, les responsables du Parti socialiste sont plus divisés que jamais. Tiraillés entre les députés frondeurs et ceux restés fidèles au gouvernement, la plupart des militants semblent déboussolés.

Sourires crispés, accolades tendues, regards en coin… À La Rochelle, les militants socialistes ont un peu la gueule de bois et peinent encore à comprendre la folle semaine qui vient d’ébranler leur parti. Dans les allées ensoleillées de l’espace Encan - où sont attendus jusqu'à dimanche 2 000 à 3 000 personnes pour cette 22e université d'été du Parti socialiste (PS) -  on veut malgré tout afficher son enthousiasme, quitte à user et abuser de l'art de la langue de bois...

"C'est notre grande fête annuelle, le moment de l'année où l'on peut revendiquer notre fierté d'être socialiste, alors les gué-guerres d'égo peuvent bien attendre", estime Julie, 26 ans, étudiante. Même état d'esprit chez Manon, 23 ans, juriste et animatrice fédérale des jeunes socialistes du Val d’Oise : "Je suis ici pour apprendre des choses et me forger un regard différent sur l’actualité." Les dissensions au sein du parti et les tribulations ministérielles du début de semaine ne doivent pas venir gâcher "ce moment sympathique".

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Nicolas, étudiant à l'école des douanes de La Rochelle, avoue avoir tout de même été quelque peu "dérouté" par les récents événements. Pas question de dramatiser pour autant, estime ce sympathisant de 22 ans. "Au final, je me dis que ce remaniement c’est une bonne chose. Le gouvernement va probablement être moins soutenu par le PS et par les Français, mais cette nouvelle équipe est plus cohérente et elle devrait permettre d'avancer dans les réformes", explique-t-il, espérant que l'université d'été se déroule sans accroc.

"Le PS est juste dans une passe difficile, comme l'UMP !"

Reste qu'il est tout de même difficile de passer à côté des frondeurs et dissidents qui arpentent les allées. Pouria Amirshahi, Jean-Marc Germain, Jérôme Guedj... ces élus - ouvertement contre la politique actuelle menée par l'exécutif - brillent non seulement par leur présence remarquée, mais ils n'hésitent pas à organiser des réunions publiques dissidentes à quelques centaines de mètres du lieu de l'université d'été du parti.

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"Je n'aime pas vraiment le terme de 'frondeur'", commente Manon, fermement décidée à rester positive. "Moi je les vois simplement comme des députés qui prennent les droits que la Constitution leur confère. Ils doivent répondre aux aspirations des électeurs et pas forcément suivre tête baissée le gouvernement dans ce qu’il fait. Le Parlement n’est pas qu’une simple chambre d’enregistrement des lois", affirme-t-elle.

Quant à Nicolas, il résume la situation à "des courants d'idées différents qui s'expriment". "Je ne pense pas que l’on aille jusqu’à la dissolution, pour moi nous sommes juste dans une passe difficile, tout comme l’UMP d’ailleurs !", ajoute-t-il avec un trait d'humour non dissimulé. "Je suis confiant, c'est la vie normale d'un parti, surtout lorsqu'il est au pouvoir et que les résultats ne sont pas forcément au rendez-vous..."

"La politique de l'autruche"

Aveuglés, dans le déni ou enjoliveurs, "tout le monde semble pratiquer la politique de l'autruche ici", s'exclame Julie, excédée par "l'hypocrisie ambiante". Et les mécontents sont, en effet, peu bavards. Grande socialiste dans l'âme et militante depuis plus de 40 ans, Andréa fait partie des rares à confier ses griefs. "On ne peut pas nier que les couacs sont de plus en plus graves. Je suis vraiment inquiète pour l’avenir du parti. Il s'affaiblit jour après jour et pendant ce temps-là, on a l'impression que les frondeurs sont en train de créer un autre parti", déplore-t-elle. "On ne sait pas vraiment de quoi ils sont capables mais on risque vite d'être fixés", renchérit Julie.

En attendant, les députés rebelles s'organisent. Reclus dans une petite salle à l'écart de la foule, l'Appel des 100 - le collectif de députés de gauche ligués contre la politique du couple Hollande-Valls depuis le printemps - a préparé vendredi après-midi sa réunion de samedi. Ce rendez-vous dissident "pour que le Parlement prenne sa place et que le PS joue tout son rôle" se tient finalement à la faculté de lettres, dans une salle plus grande que celle prévue à l'origine afin d'accueillir plus de curieux.

Une proche du député Pouria Amirshahi a confié à France 24 que les trois ministres remerciés en début de semaine - Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti - ne seront pas de la partie samedi, même s'ils sont bien à La Rochelle. "Il y a des discussions qui sont menées avec les frondeurs, mais il est encore trop tôt pour savoir ce qu'ils (Montebourg, Hamon et Filippetti) vont faire."