logo

La diaspora tamoule se mobilise pour aider les civils pris au piège

Alors que les troupes sri-lankaises préparent leur "assaut final" contre les Tigres tamouls, la diaspora tamoule rassemble, à des milliers de km de là, des fonds pour venir en aide aux civils pris au piège dans la zone des combats.

Enveloppés dans un drap blanc sous un petit chapiteau rouge sur le parvis des Droits de l'Homme, place du Trocadéro, face à la tour Eiffel, Alfred et trois autres Tamouls sont en grève de la faim depuis 13 jours.

Comme les 70 000 autres Tamouls vivant à Paris, Alfred s’inquiète de la situation humanitaire au Sri Lanka, où des milliers de civils vivent pris au piège entre les forces gouvernementales et la dernière poche de résistance des Tigres tamouls.

"Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et de l’aide humanitaire pour les civils de cette zone", dit-il. "J’ai perdu ma mère et mon frère la semaine dernière dans un pilonnage à Putumattalan [une région côtière du nord-est de l'île], et mon père et ma sœur font partie des civils piégés."

Les membres de la communauté tamoule européenne ont coordonné leurs efforts pour venir en aide à leurs familles et leurs amis, encerclés dans la zone du conflit.

Mardi, des centaines de Tamouls portant des drapeaux et des bannières aux couleurs des Tigres tamouls se sont rassemblés place du Trocadéro, à Paris. Dans la foule, des femmes et des enfants appelaient à "la fin du génocide tamoul au Sri Lanka". La manifestation s’est déroulée dans le calme, par rapport à celle de la veille qui avait conduit à l’arrestation de plus de 200 personnes. Ces derniers jours, des rassemblements similaires ont été organisés devant le Parlement britannique, à Londres.

Des organisations tamoules internationales, telles que l’Union pour la jeunesse tamoule (UJT) et l’Organisation de réhabilitation tamoule (ORT), ont invité les gens à contribuer, de quelque manière que ce soit, à leur cause.

"Un bateau avec de la nourriture, de l’aide financière et médicale doit partir de Londres cette semaine", déclare à FRANCE 24 Samantha Mahindaraja, une jeune Tamoule de 18 ans membre de l'UJT.

Les Tamouls de l’étranger souhaitent l’intervention de la communauté internationale, pour contraindre les autorités sri-lankaises à déclarer un cessez-le-feu humanitaire.

"Les civils paient le prix"

"Les cibles des militaires sont les Tigres, mais ce sont les civils qui paient le prix", dénonce Raman, 25 ans. Né et élevé en France, il raconte qu’il a grandi avec les histoires des atrocités que le gouvernement a fait subir aux civils tamouls du Sri Lanka.

Roxane, 17 ans, est venu en France pour fuir les violences à Mullaitivu, une ancienne place forte des Tigres. "C’était impossible d’aller à l’école à cause des raids aériens et des bombardements. Les Tigres tamouls ont essayé de me convaincre de combattre à leurs côtés, mais moi je voulais continuer à étudier", explique le jeune homme qui vit maintenant avec sa tante, Anne-Marie, à Paris.

Selon la Croix-Rouge internationale, quelque 50 000 personnes seraient toujours piégées dans la zone de conflit.

"Les combats ont tué ou blessé des centaines de civils qui n’ont presque pas accès aux soins", a déploré Pierre Kraehenbuehl, directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), devant des journalistes réunis à Genève.

Le CICR a appelé les Tigres tamouls à laisser les civils quitter la zone des combats, ainsi que le gouvernement sri-lankais à faire la différence entre cibles civiles et cibles militaires.

Lundi, le secrétaire à la Paix des rebelles, Puleedevan, a accusé les forces gouvernementales d’avoir tué 1 000 personnes et d’en avoir blessé 2 000 autres lors de pilonnages.

Contacté par FRANCE 24, le lieutenant-colonel Janak Nanayakkara, porte-parole de l’armée de l’Air, a rejeté mardi ces accusations, qu’il juge "infondées". "C’est n’importe quoi. En fait, ce sont les Tigres tamouls qui ont utilisé ces civils comme bouclier humain", poursuit-il.

Colombo a rejeté à plusieurs reprises les appels au cessez-le-feu des Tigres tamouls afin d’éviter que les rebelles profitent de la trêve pour se réarmer, comme ils l’ont fait par le passé.