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Kiev assure que des troupes russes sont entrées sur son territoire

Des troupes russes sont entrées en Ukraine, a affirmé jeudi le président ukrainien, alors que les séparatistes sont repassés à l'offensive. Devant le Conseil de sécurité, les Américains ont appelé Moscou à cesser "d’alimenter le conflit".

Après des semaines d'offensive réussie, repoussant les insurgés pro-russes jusque dans leurs derniers bastions encerclés et assiégés, l'armée ukrainienne semble désormais perdre du terrain dans l'est de l’Ukraine. Le président ukrainien Petro Porochenko a réuni en urgence son Conseil national de sécurité et de défense, jeudi 28 août, face à ce qu’il a présenté comme une "détérioration rapide de la situation" due à l'"entrée des troupes russes" dans son pays.

L'ambassadeur ukrainien auprès de l'Union européenne a, de son côté, demandé à Bruxelles une "aide militaire d'envergure" face à une "invasion russe non dissimulée". Son homologue auprès de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a fait état d'"une invasion directe des forces militaires russes dans les régions de l'est de l'Ukraine". Une information également relayée par un responsable de l’Otan, qui a précisé que plus de 1 000 soldats russes étaient actuellement déployés sur les zones de combat.

Face à ces accusations, la Russie a réagi par l’intermédiaire de son ambassadeur auprès de l’OSCE, qui a affirmé qu’il n’y avait "pas de soldats russes" sur le territoire ukrainien.

Dans la soirée de jeudi, les États-Unis ont également haussé le ton. Devant le Conseil de sécurité réuni en urgence, l’ambassadrice américaine à l’ONU Samantha Power a appelé "la Russie […] à cesser de mentir et d’alimenter le conflit", tout en dressant une longue liste d'indices montrant une implication directe des forces russes dans l’est de l’Ukraine. "Face à cette menace, ne pas agir coûterait trop cher", a-t-elle martelé.

Progression rapide des rebelles

Sur le terrain, les rebelles pro-russes ont repris des territoires lors de plusieurs offensives éclair. La ville de Novoazovsk, dans le sud-est de l'Ukraine, est tombée sous le contrôle de l'armée russe jeudi 28 août, selon le Conseil de sécurité et de défense ukrainien.

Mercredi, des journalistes de l'AFP avaient déjà constaté une prise de position des rebelles sur la route entre leur fief de Donetsk et Novoazovsk.

Selon le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko, le village de Starobechevé, situé à une trentaine de kilomètres de Donetsk, avait été investi mercredi "par les combattants de Donetsk et les occupants russes". Les insurgés pro-russes y ont découvert des dizaines de caisses de munitions et de nombreux véhicules militaires abandonnés, témoignant d'un départ précipité de l'armée ukrainienne.

Plusieurs preuves de la présence de l’armée russe

Moscou a toujours démenti l’envoi de troupes régulières de son armée en Ukraine, mais l’Otan et la Pologne ont affirmé avoir des preuves de cette présence. Selon un diplomate de l'Otan, un système russe de missiles antiaériens a été détecté dans la région contrôlée par les séparatistes pro-russes.

D’après Andriï Lyssenko, l'armée russe aurait même déployé un quartier général dans la localité de Pobeda, à 48 km de Donetsk, alors que cinq blindés et un camion de troupes sont entrés à Amvrosiïvka. Toujours selon l'armée ukrainienne, une colonne de 100 véhicules, "dont des chars, des blindés et des lance-roquettes multiples Grad" venus de Russie, seraient arrivés au sud de la région de Donetsk. Jusqu'ici relativement calme, les combats se sont multipliés dans cette zone depuis lundi.

L’Ukraine appelle l’Otan au secours

Face à la dégradation de la situation pour les Ukrainiens, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a lancé de cri d’alerte : "Nous avons besoin d'aide" a-t-il déclaré. Kiev dit attendre une "aide pratique" et des "décisions cruciales" lors du sommet de l'Otan prévu le 4 septembre prochain au Royaume-Uni.

D’après son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, qui s’est exprimé dans un entretien publié mercredi, l'Otan veut, de son côté, pouvoir déployer en quelques jours des troupes et des armements d'envergure dans l'est de l'Europe.

Selon un rapport du Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, présenté mercredi, le bilan des combats dans la région a doublé en un mois avec 1 200 morts et 3 250 blessés entre le 16 juillet et le 17 août. Quatre mois après le début du conflit, le bilan fait état d'au moins 2 200 morts, civils et militaires, et près de 6 000 blessés.

Sur le front diplomatique, les pourparlers inédits à Minsk entre les dirigeants ukrainien et russe, en présence de responsables de l'Union européenne, se sont terminés mardi sans grandes avancées concrètes.

Avec AFP